En préalable, un point sur l’idéologie qui préside à l’élaboration des propositions pour l’école. C’est l’institut Montaigne, Think tank particulièrement libéral, qui irrigue la réflexion et les orientations des politiques éducatives d’ EM. Le ton est donné, le fond va suivre, sans surprise. Dans cette note, vous trouverez les propositions du candidat (inscrites dans son programme, publié sur le site d’En Marche), ainsi que les propos recueillis par la presse sur le sujet (avant et après son élection). Enfin, les premières décisions qu’il s’apprête à mettre en œuvre dès la rentrée 2017.
Le mérite et l’individualisation sont au programme d’une gestion particulièrement managériale des enseignants,… Dans le cadre de l’extension du concept d’autonomie, EM prévoit la possibilité pour les chefs d’établissement de recruter leurs enseignants.
Propositions : « la priorité doit être accordée à l’acquisition des fondamentaux en maternelle et en primaire, puis à l’accompagnement personnalisé et à l’orientation au collège. Le lycée doit préparer aussi bien à une insertion professionnelle rapide et réussie qu’à la poursuite d’études supérieures. »
- Objectif 1 : Faire de la crèche un instrument de lutte contre les inégalités. Rythme élevé de création de places en crèches (rien de chiffré ni de concret)
- Objectif 2 : Donner la priorité à l’apprentissage des fondamentaux « lire, écrire, compter » dans le pré-scolaire, en maternelle et au primaire. Diviser par deux les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+ (voir en fin de document pour la rentrée 2017). Redéploiements mais aussi recrutements prévus (entre 4000 et 5000 postes) : 12 000 enseignants au total, en réorientant entre 6 000 et 10 000 postes des 60 000 postes créés au cours du quinquennat Hollande. Introduction, au début de chaque année, de bilans personnalisés, de la classe de grande section à la troisième. Individualisation renforcée des apprentissages (développement des supports numériques pour faire évoluer les pratiques pédagogiques) ; stages de remise à niveau en fin d’été entre le CP et le CM2 (assurés par des enseignants volontaires, qui seront rémunérés à ce titre).
- Objectif 3 : Renforcer l’accompagnement et les dispositifs d’orientation au collège et au lycée. Accompagnement et études dirigées instaurés après la classe. Retour de l’accompagnement éducatif en collège, supprimé, hors ZEP en 2015. Stages de remise à niveau pour les collégiens les plus en difficulté (enseignants volontaires et bénévoles prévus à cet effet). Dans le parcours de tous les étudiants de France, il y aura un trimestre dédié à cette activité.
- Objectif 4 : Garantir à chaque jeune Français une insertion professionnelle réussie. Développement des périodes de pré-apprentissage, et des filières en alternance dans tous les lycées professionnels. Implication des branches professionnelles dans la définition des programmes et dans l’organisation des formations. Simplification des démarches pour les entreprises et les jeunes ; affectation de l’ensemble de la taxe d’apprentissage à son financement.
- Objectif 5 : Mieux accompagner les enseignants : dès leur entrée dans le métier et durant l’ensemble de leur carrière. Aucun professeur (hors choix motivé) affecté en zone prioritaire pendant les 3 premières années d’enseignement. Meilleure reconnaissance de l’engagement des enseignants exerçant en REP+ (zones prioritaires), du premier et du second degré : prime annuelle supplémentaire de 3 000€ nets. Formation : formation en alternance étendue dès la licence pour les étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement. Formation continue : au moins trois jours par an pour tous (premier et second degré) ; formation adaptée aux besoins rencontrés dans sa classe – la moitié de ces heures de formation pourra être effectuée via des modules en ligne.
- Objectif 6 : Renforcer et encourager l’autonomie des établissements pour favoriser l’adaptation aux besoins de leurs élèves et aux situations locales et stimuler l’innovation. Pour les écoles primaires, laisser aux communes – en lien étroit avec les écoles de leur territoire – le soin d’organiser le temps périscolaire sans contrainte. Pour les collèges, rendre possible le rétablissement de parcours bilangues en 6ème et de parcours européens (voir en fin de document pour la rentrée 2017). Part d’autonomie de recrutement pour les établissements de l’éducation prioritaire. Au lycée, revoir la forme du baccalauréat (4 matières obligatoires à l’examen final et le reste en contrôle continu) afin de rendre possibles de nouvelles formes d’organisation du temps scolaire et de nouveaux parcours, qui prépareront mieux à la poursuite d’études et à l’insertion professionnelle. (ici, il faut aussi compter avec la sélection qui s’opérera post-bac puisqu’il est prévu un niveau exigible à l’entrée dans telle ou telle université, et donc des stages de remise à niveau durant l’été.). Corollaire à l’autonomie des établissements, mise en place d’une évaluation constituée de diagnostics réguliers (tous les 3 ans) et si besoin de mesures d’accompagnement spécifiques.
- Objectif 7 : Renforcer la relation avec les parents et encourager l’implication de bénévoles (notamment étudiants et retraités) et d’associations. Généraliser la « mallette des parents » – trois réunions annuelles – pour renforcer la place des parents ; en maternelle, implication de jeunes engagés dans le cadre du service civique, afin d’appuyer les professeurs, particulièrement pour la maîtrise du langage.
Propositions :
- Objectif 1 : Rendre l’apprentissage plus attractif pour les entreprises comme pour les jeunes ; simplifier les règles de l’apprentissage, transparentes et lisibles pour les entreprises comme pour les jeunes : rassembler les aides et subventions existantes dans une aide unique qui sera fonction de la taille de l’entreprise et du niveau de qualification de l’apprenti ; guichet unique permettant d’enregistrer le contrat d’apprentissage et la demande des aides ; faire converger les deux contrats d’alternance qui existent aujourd’hui en un contrat unique, souple, adapté à la demande des entreprises et des branches, sans borne supérieure d’âge ; la totalité de la taxe d’apprentissage sera affectée au financement de l’apprentissage. + long paragraphe sur la rémunération des alternants confiée aux branches et conclue ainsi : « Les formations professionnelles doivent être davantage basées et conditionnées par les exigences des métiers et filières professionnelles et l’excellence de celles-ci porter sur l’employabilité. »
- Objectif 2 : Faire de l’alternance le cœur de l’enseignement professionnel. Mise en place d’un « sas » de préparation à l’alternance à la fin du collège pour s’assurer que les élèves maîtrisent les savoirs de base et sont en capacité de s’intégrer à leur entreprise d’accueil. Développement de l’alternance dans tous les lycées professionnels. Possibilité de préparer des licences professionnelles sur trois ans et en alternance. (plus grande continuité entre l’enseignement dispensé dans les lycées professionnels et celui qui est proposé à l’université.) Instauration d’ un quasi-monopole de l’alternance comme voie d’accès aux emplois de qualification moyenne. Combat contre les discriminations dans l’accès à l’apprentissage en imposant des critères de diversité dans le recrutement des apprentis (pour mettre fin aux injustices dans l’accès à l’alternance.)
Quelques points relevés dans la presse du Snesup : comprendre dans les propositions d’EM qu’il veut une autonomie administrative forte, mâtinée de contractualisation, possible prélude à une privatisation de l’enseignement. Rôle des CA ? Fonctionnement démocratique des établissements ? La gestion de la masse salariale et le recrutement des enseignants chercheurs relèvent de l’autonomie de l’université mais restent soumis à évaluation a posteriori.
L’université Macron est fortement orientée par une stratégie de professionnalisation et de soumission au marché de l’emploi et au secteur privé (ex : 100000 places en licence pro 3 ans, alternance…) Pour les étudiants : bourses au mérite, offres de logement supplémentaires, ouverture des bibliothèques le WE…
- Réduction des effectifs de CP en REP+ : financée par redéploiement des 5120 PDMQDC (le dispositif n’a pas fait ses preuves pour EM, voué à disparaître ?). Pour les locaux : fonds d’investissement de 200 millions d’euros pour aider les communes. Les communes pourront, en mai et juin, faire remonter leur besoin d’aménagement. Le temps des travaux, quand il n’y aura pas de solution, deux enseignants feront classe dans la même salle.
- Rythmes scolaires. Un décret donnera aux maires la possibilité de revenir sur la réforme des rythmes scolaires. Les communes ont le soin d’organiser le temps périscolaire « sans contrainte ».
- Collège : autonomie à tout va. Assouplissement des EPI : un arrêté publié cet été assouplira les conditions de mise en œuvre. Les établissements volontaires pourront construire des « EPI maison », ce qui permettra par exemple de restaurer des « parcours bilangues » (langue ancienne ou langue européenne). L’autonomie permet de renvoyer les décisions « au local » : 2 problèmes majeurs : l’éclatement du cadre national, et la division prévisible au sein des équipes.
A noter au sujet de ces deux mesures (rythmes et collège) que les choix permis par l’autonomie sont soumis à évaluation ultérieure : logique libérale réaffirmée. - Recrutement des enseignants : les chefs d’établissement volontaires pourront recruter leurs enseignants, en premier lieu en REP.
Dans le courant de l’année, il projette d’ouvrir des concertations avec la communauté éducative sur 3 thèmes : le baccalauréat, les prérequis à l’université et l’alternance.