Le nouveau management public transforme en profondeur l’Education Nationale dans un double mouvement apparemment contradictoire de centralisation et de décentralisation.
La norme du capitalisme importe dans l’enseignement des logiques propres au marché : régulation par la concurrence, pilotage par la performance. Ce système organisé sur la hiérarchie professionnelle se renforce autour de trois piliers : ministre, recteur, chef d’établissement combinant autoritarisme local et interventionnisme de l’Etat.
L’autonomie n’est pas l’indépendance. Elle est au contraire un outil du pilotage et d’un cadrage plus fort par les autorités nationale et académique. Au bout de la chaîne, du recteur, au chef d’établissement, les enseignants sont pris en tenaille entre prescription renforcée et autonomie.
La cohérence entre le renforcement de la responsabilité individuelle dans le cadre des contrats d’objectifs, outil de l’évaluation par les chefs d’établissements, est d’ailleurs une des cause identifiée de la souffrance au travail[rouge]. L’évaluation ne se fait plus sur le cœur du métier. L’auto-évaluation sur des critères prescrits s’oppose à la liberté pédagogique, nie le travail enseignant.
L’autonomie est une notion ambiguë et le texte de congrès doit lever cette ambiguïté.
La circulaire de rentrée de 2004 précise que l’autonomie ne se confond pas avec la nécessaire liberté pédagogique des enseignants. La loi d’orientation de 2005 fixe la liberté pédagogique dans le respect des programmes mais ne définit pas l’autonomie. Si les textes officiels restent flous, ce n’est certainement pas « innocent ».
La liberté pédagogique se conçoit entre pairs, dans la nécessité de travailler en équipe, dans le cadre d’un projet d’établissement élaboré collectivement. Elle est aussi notre capacité à adapter notre travail aux élèves au fil de la relation interpersonnelle que constitue le cours. A l’opposé des « bonnes pratiques », du « prêt-à-penser » et des « leçons formatées ». L’Etat nous doit le soutien dû à notre mission garantie par nos statuts et dans la constitution. Nul ne doit pouvoir empêcher l’enseignant de faire ce pour quoi il a été recruté et formé. Aujourd’hui, la liberté pédagogique est une arme pour parvenir à enseigner en dépit des entraves placées par les méthodes et les programmes prescrits par les instructions officielles.
A nous de préciser les termes : non à l’autonomie (vocable éminemment idéologique), oui à la liberté pédagogique !
Céline.