Préparée par les 102 alertes sociales de la FSU-SNUipp, annoncée dès le mois de décembre, la grève unitaire du 1er février dans l’éducation a certainement déjà contribué à pousser le gouvernement à réviser le nombre de suppressions de postes pour la rentrée 2024.
Cette grève intervient également dans un contexte où l’école française est toujours, et encore, sous dotée : 22 élèves en moyenne par classe contre 19 dans l’Union Européenne et des salaires inférieurs de 20 % au bout de 15 ans d’ancienneté par rapport à nos homologues de l’OCDE. Le pacte a plus des allures de provocation que de réponse au niveau des salaires, aggravé par les pertes liées à l’inflation.
Cette grève est aussi une occasion d’exprimer la colère de la profession face à la mise en place de l’acte 2 de l’école inclusive, qui va aggraver les effets délétères d’une inclusion réalisée sans moyens suffisants et reposant sur des AESH maintenu·es dans la précarité. Alors que la profession était massivement favorable à une école inclusive, la politique irresponsable du gouvernement fatigue, exaspère, décourage, faisant même parfois renoncer des collègues comme en témoigne la récente enquête de Benjamin Moignard et Eric Debarbieux sur le climat scolaire.
Elle intervient également dans un contexte de recyclage par Attal des idées de droite et d’extrême droite, en particulier à travers le « chocs des savoirs », le retour de l’uniforme, du redoublement, des groupes de niveaux, autant de mesures qui draguent l’électorat de droite et d’extrême droite, tout en renforçant le caractère inégalitaire de l’école. C’est aussi l’occasion d’adresser un signal fort à la nouvelle ministre qui affiche son mépris pour l’école publique, tout en faisant la promotion de l’école privée.
Tout cela serait déjà suffisant pour justifier que la FSU-SNUipp construise un cadre pour permettre à la profession d’exprimer son désaccord et qu’elle revendique un autre projet pour l’école publique et ses personnels.
Mais, nous le savons toutes et tous, les obstacles à lever sont ceux de la résignation et du « à quoi bon ? » dans les salles des maîtresses. Si le syndicalisme renonçait à l’action, il ne serait pas réaliste. C’est la mobilisation collective – et en particulier la grève – qui transforme la colère en une force agissante et qui permet de sortir du sentiment d’impuissance. Pour cela, il faut installer une continuité entre nos actions en les reliant et en les inscrivant dans un calendrier de mobilisations. Et multiplier les rencontres avec les collègues pour les convaincre du bien-fondé de s’engager dans la grève.
Face à un gouvernement, qui compense sa faiblesse politique par un rétrécissement de la vie démocratique et plus d’autoritarisme, la capacité collective à se mobiliser est un message important envoyé à la nouvelle locataire de la rue de Grenelle, mais aussi plus largement à l’exécutif sur ses projets d’attaques contre les statuts de la Fonction publique. Le calendrier de mobilisation à construire doit donc intégrer dès aujourd’hui la période allant du 1er février au 19 mars.