La situation en Nouvelle Calédonie montre, s’il en était encore besoin, que l’État Français n’en a pas fini avec sa vision colonialiste.
Alors qu’il existait un processus constitutionnel qui garantissait une possible décolonisation pacifique et négociée suite aux événements tragiques des années 80, l’exécutif porte une responsabilité totale dans l’embrasement actuel.
Après le maintien contesté d’un référendum dans l’immédiat post Covid, il est revenu sur sa parole autour de la question du gel du corps électoral et menace désormais de passer en force sur cette question d’ici l’été. C’est une humiliation politique inacceptable.
La Nouvelle Calédonie est toujours une colonie française, c’est une réalité matérielle et une continuité historique : occupation militaire, politique d’installation de colons, spoliation des terres, racisme, massacres et violences diverses ont jalonné ces 171 années d’occupation.
L’inscription du pays sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU depuis 1986 vient rappeler cette évidence.
Dans le contexte d’une réalité territoriale où les inégalités sociales et raciales explosent et touchent majoritairement leur jeunesse, les Kanaks s’opposent à ce changement constitutionnel qui augmenterait encore les inégalités et détruirait tout espoir de décolonisation. S’attaquer frontalement au corps électoral, c’est opérer symboliquement une forme de reconolisation et balayer près de quarante ans de travail politique.
Il s’agit bien d’une succession des coups de force de l’exécutif français sur ce dossier : la crise d’aujourd’hui est une conséquence directe de la volonté délibérée de Macron de torpiller un processus politique unique et novateur qui irrémédiablement éloignait, mais d’une manière acceptable pour les parties prenantes, la Nouvelle-Calédonie de la France. Un coup de force qui a fait 7 mort·es, la majorité tué·es par des milices armé·es de colons. Notre solidarité doit être totale pour exiger le respect des accords passés et du droit international, boussole minimale indispensable face à ces situations complexes, personne ne le nie.
C’est d’ailleurs cette boussole qui doit nous guider dans nos autres combats à l’international. Ainsi le collectif national pour une paix juste et durable a su la garder et s’opposer aux tentatives de division. Les débats politiques sur l’après ne peuvent prendre le pas sur l’actuel. Et l’actualité c’est un état colonial qui mène, en représailles à des crimes de guerre, une politique génocidaire. La récente assignation de Netanyahou pour génocide à la CPI ne dit pas autre chose. Là encore, il est fondamental de se rattacher au cadre minimal commun du droit autour des organisations internationales, à commencer par l’ONU.
Notre engagement anticolonialiste, qui est celui d’une partie du mouvement syndical, nous conduit à soutenir celleux qui luttent pour leur indépendance. La FSU doit être fidèle à sa boussole. Et s’opposer à tous les gouvernements, y compris le français, qui veulent opprimer des peuples en opposant le droit de ces derniers à disposer d’eux-mêmes et soutenir leurs luttes.