Intervention introductive de l’École Émancipée : Construire une FSU forte pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir et refonder le syndicalisme de transformation sociale

Nous nous retrouvons dans le projet syndical que tu as brossé, Benoit, celui d’une FSU volontaire et déterminée, d’un syndicalisme qui ne lâche rien. 

En effet, le syndicalisme est toujours aussi essentiel dans la défense des droits des travailleurs et travailleuses face à un capitalisme prédateur. Mais notre action syndicale au quotidien se confronte à une société de plus en plus inégalitaire. La précarité gagne du terrain. Les actionnaires se gavent toujours plus. Les politiques néolibérales qui se succèdent poursuivent le même but : enrichir les plus riches en écrasant les plus pauvres.

Tout cela dans un monde où les conséquences du dérèglement climatique, plus fréquentes et violentes, frappent durement les populations les plus vulnérables. Le monde est traversé par des conflits de plus en plus violents, un impérialisme débridé, des atteintes aux droits fondamentaux. Loin d’un principe abstrait, notre solidarité internationale doit se traduire par le soutien aux peuples opprimés. Cela passe, évidemment, par la dénonciation du génocide à Gaza comme de l’invasion impérialiste russe en Ukraine, et toujours et partout, par la défense des libertés syndicales.

En France, les crises s’intensifient dans un climat politique de plus en plus tendu. Les plans sociaux se multiplient, les services publics sont attaqués, les inégalités se creusent alimentant colère et désespoir d’une grande partie de la population. Les responsables sont clairement identifiables : les gouvernements et leurs politiques néolibérales dans l’intérêt des plus riches, au détriment de la majorité de la population : des baisses d’impôts pour eux, moins de services publics pour toutes et tous ; toujours plus d’aides publiques sans conditions aucune, et toujours moins d’allocations chômages, plus de contrôles des bénéficiaires du RSA. Voilà la réalité de leur politique.

Cette situation de crises est exacerbée par l’instabilité politique. Le déni de démocratie, avec le refus de reconnaître les résultats des urnes, sape les fondements mêmes de l’Etat de droit. Ces crises profitent aux idées d’extrême droite, qui prospèrent sur le terreau de la colère et de la division. Et ceci d’autant plus qu’une part de plus en plus importante de la droite classique et du patronat semble penser que l’extrême droite serait une solution acceptable pour préserver leurs intérêts. Les propos honteux de Retailleau et Bayrou en sont des marqueurs. Cette progression haineuse rend encore plus nécessaire nos luttes syndicales quotidiennes pour défendre les valeurs de justice, d’égalité et de solidarité.

Ce contexte difficile ne doit pas faire oublier que nous avons su mobiliser massivement contre la réforme des retraites, pour plus de justice sociale et de solidarité intergénérationnelle. Des millions de personnes, actifs, actives et retraitées, aux côtés des organisations syndicales unies, se sont levées pour défendre un système solidaire face à une réforme inutile et injuste.

Ce mouvement a démontré à nouveau la capacité des syndicats à rassembler largement et à porter la voix des salarié·es, mais il a aussi mis en lumière les difficultés, sans grèves massives, à faire plier un gouvernement sourd aux revendications populaires. 

Ce combat n’est pas terminé, ni pour la population, ni pour les syndicats, ni à l’Assemblée nationale. La question des retraites reste le symbole d’un affrontement de classes et la cristallisation de la crise sociale et démocratique.

Notre mot d’ordre c’est toujours l’abrogation de la réforme. Nous devons continuer à porter cette exigence dans le débat public par une campagne de conviction et préparer de futures mobilisations, nécessaires pour imposer cette abrogation.

La FSU, comme fédération de la Fonction publique, joue un rôle déterminant dans la défense des services publics face aux politiques austéritaires. Elle défend les personnels, en particulier les plus précaires, et porte des projets redonnant espoir au monde du travail : salaires, carrières, emploi, protection sociale avec notamment une véritable campagne à construire sur le 100% sécu. 

L’école symbolise, après l’hôpital, à la fois le délaissement dans lequel les services publics sont plongés mais également le tri social à l’œuvre dans cette société libérale. Par son engagement constant dans ce service public où elle est incontournable, la FSU incarne un syndicalisme qui ne transige ni dans sa volonté d’imposer une école démocratique et émancipatrice, ni dans sa lutte contre le séparatisme scolaire, particulièrement ici en Bretagne.

Notre congrès s’ouvre donc dans une période très inquiétante avec deux enjeux majeurs profondément liés :

Le premier, c’est de tout faire pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir. Le temps disponible pour mener campagne parmi les salarié·es reste inconnu tant la crise politique peut s’accélérer à tout moment. Ce risque de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, nous oblige à revoir notre rapport au politique, en toute indépendance, notamment à la lumière de ce que nous avons fait en juin dernier en nous engageant dans la campagne législative. Un engagement doublement motivé : empêcher l’extrême-droite d’être majoritaire et ouvrir une autre perspective en rupture avec le néolibéralisme. Il nous faut continuer à peser pour contribuer à l’unité à gauche et alimenter un programme de rupture et d’espoir.

Le second enjeu est notre engagement dans la refondation du syndicalisme de transformation sociale. La FSU et la CGT se réunissent depuis plus d’un an à ce sujet. Après le côté théorique des derniers congrès sur la perspective du nouvel outil syndical, celui-ci revêt un premier aspect de déclinaison pratique. Ni fusion, ni absorption, la proposition est de s’engager dans la construction d’une maison commune, qui reste à définir, avec la CGT, et avec la volonté que celle-ci s’ouvre à Solidaires. Il s’agit d’enclencher une dynamique pour permettre le renforcement du syndicalisme, une impérieuse nécessité pour affronter et combattre tous les périls actuels.

Pour mener à bien tous ces chantiers, pour rassembler notre camp social et offrir d’autres perspectives que le néolibéralisme ou le nationalisme haineux, il est nécessaire de construire une FSU forte. Forte de son lien étroit avec les personnels, forte de son pluralisme et de sa démocratie interne. Une FSU résolument porteuse au quotidien d’un projet de rupture sociale, écologique, féministe, un projet émancipateur.