Intervention introductive aux débats

Julie Schmitt (Secrétaire Nationale, Nancy-Metz)

Après un été agité et sous tension : incendies, inondations, manif contre le pass sanitaire, retour au pouvoir des talibans en Afghanistan, la rentrée a été et est chargée.

Les mobilisations contre le pass sanitaire qui ont débuté cet l’été rassemblent de nombreuses personnes qui n’en peuvent plus des réponses apportées par le gouvernement à la crise. Par ses discours changeants (masques, contagiosité à l’école…), par son abandon des territoires dit « déserts médicaux », par le démantèlement de l’hôpital public, et son choix de renforcer la société du contrôle, le gouvernement porte la responsabilité de cette situation. Cette défiance d’une partie de la population a des conséquences graves, notamment parce que les démissions et suspensions des personnels de santé accentuent encore la pénurie de soins. Notre milieu, l’Eudc nat n’est pas épargné : un certain nombre de nos collègues sont soumis-es à l’obligation vaccinale (Co-Psy, secrétaires de CIO, infirmières).
La CNIL elle-même présente le pass sanitaire comme « un dispositif attentatoire à la vie privée » avec un risque de « glissement, à l’avenir, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception ». Il nous semble qu’il ne faut pas laisser l’extrême droite récupérer le mouvement en jouant sur les thèses complotistes mais poursuivre les expressions et les actions intersyndicales à ce sujet : revendiquer la levée des brevets sur les vaccins, la vaccination universelle, l’opposition à toutes les mesures qui mettent en danger les droits des salarié.es. Le SNES a toute sa place dans ce combat syndical.
Dans l’éducation, c’est un euphémisme de dire que le compte n’y est pas.
Depuis le début de la crise sanitaire, les profs ont été présent.es, ils et elles ont tenu l’institution scolaire à bout de bras, pour éviter la débandade générale. Pour faire en sorte que les élèves les plus fragiles ne lâchent pas.
Face aux demandes légitimes des personnels : notamment l’aménagement des programmes pour pouvoir remettre à niveau les élèves, la réponse du ministre n’a été que mépris et impréparation. Aucune considération pour notre travail, des annonces apprises dans la presse, des suppressions de postes et que dire une pseudo revalorisation.

Au lycée, la réforme du bac est en mutation permanente puisqu’un nouvel aménagement du bac a été annoncé à la rentrée, un aménagement qui impose toujours plus de contrôle continu, toujours moins d’épreuves terminales nationales garantes d’un bac équitable pour tou.tes les élèves.
Viennent s’y ajouter les questions d’évaluation, qui risquent de mettre au pas les collègues, de les priver de leur liberté pédagogique.
En collège, hausse des effectifs, multiplication des certifications (PIX, Evalangues) accroissent la charge de travail et accentuent encore la perte de sens de nos enseignements.

Comme d’habitude les précaires de l’EN que sont les AED et les AESH ont été oublié-es par le ministre. Concernant les AESH, avec les PIAL leur charge de travail s’est s’alourdie, mais n’ont pas droit à une vraie revalorisation (puisque la grille indiciaire instaurée ne leur donne même pas droit à une rémunération équivalente au SMIC). La journée d’action du 19 octobre doit être un moment fort, mettant en lumière leurs conditions de travail et de rémunération, et mobilisant largement. Le texte action issu du CDFN de la FSU est un point d’appui, qui invite les collègues à se mobiliser largement, au-delà des AESH. Reste à engager les collègues dans des actions concrètes, y compris dans la grève.
Dans nos établissements il est de plus en plus difficile de recruter des AED. Cela est certainement dû à leurs conditions de travail et de rémunération qui ne cessent de se dégrader. Le SNES doit continuer à investir les questions de vie scolaire et trouver les moyens de donner plus d’étoffe à ses revendications, justes, en la matière.

Peu de divergences entre nous concernant les analyses de la situation dans l’éducation. C’est peut-être, mais ce CN nous le dira, sur la stratégie syndicale que nos points de vue vont différer. Lors du congrès de Paris, puis de notre CAN de juin, nous avions chuté sur une grève la semaine du 13 septembre. Cette date était à la fois plus proche de la rentrée pour profiter de la fenêtre médiatique qui s’ouvre à ce moment-là, et plus à distance de la journée interpro du 5, ce qui rendait leur articulation plus aisée. Ce n’est finalement pas cette date qui a fait accord dans l’intersyndicale. Incontestablement Le SNES met ses forces dans la bataille. Nous actons par exemple positivement la campagne sur les effectifs. Mais, alors que cette date était connue dès avant l’été, la campagne de mobilisation n’a réellement commencé qu’après la rentrée. Aujourd’hui, la grande majorité des collègues est convaincue du bien-fondé de nos revendications. Pour autant, cette grève ne s’annonce pas majoritaire, sans doute pour plusieurs raisons que ce CN va devoir commencer à analyser. L’une de nos hypothèses est qu’un frein existe avec le sentiment d’une énième journée de grève coupée d’une action sur le long terme. Il faut donner des perspectives. Articuler le 23 septembre et le 5 octobre aurait pu le permettre. D’une grève éduc contre la politique de Blanquer à une journée interpro contre les réformes anti-sociales du gouvernement, finalement on se bat contre le même ennemi : la politique libérale.

Ces 2 dates doivent être une première étape pour donner des perspectives au mouvement social : elles doivent être l’occasion d’organiser la profession, de nouer les contacts sur le terrain, notamment là où il y a des assemblées générales. La présence du SNES dans les cadres unitaires, nationaux ou locaux doit permettre de rendre visible à quel point les personnels et les élèves subissent une situation d’enseignement dégradée par la pénurie et l’impréparation. On l’a vu : les questions de politiques éducatives, à travers le salaire des enseignant-es, sont devenues un terrain d’affrontement dans la course à la présidentielle. Profitons de l’opportunité pour imposer nos revendications dans le débat public, ainsi que notre agenda. Nous devrons pour cela parvenir à mettre les usager-ères de notre côté, non seulement dans l’opinion, mais surtout dans nos luttes, pour remettre l’école au cœur du mouvement social !