Je vais commencer par exprimer, comme Quentin D, mon malaise, mais aussi mon incompréhension, quant à la participation d’un syndicat de notre fédération à la « marche de la colère » du 2 octobre appelant les policiers à la mobilisation.
Plusieurs choses : le syndicat Alliance, ultra réactionnaire, est à la manœuvre, et pourra revendiquer le succès de cette manifestation si jamais elle est réussie. On retrouve son idéologie à l’opposé de notre vision des droits et libertés dans la revendication suivante : « une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive. » Il s’agit donc pour eux de continuer à faire pression sur l’exécutif et sur l’institution judiciaire, au moment même où des lois liberticides commencent à être mises en application : en marge du G7, trois jeunes allemands ont été condamnés à trois mois de prison ferme pour « participation à un groupement en vue de participer à des violences », parce qu’on a trouvé dans leur véhicule « des documents relatifs à l’extrême gauche ».
Je rappelle que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a mis en cause la France pour une série de violences policières fin mai, que des experts de l’ONU ont sur ce même sujet souhaité que la France « sorte du déni de réalité » et que sa commissaire aux Droits de l’Homme a demandé une enquête concernant un « usage excessif de la force ». Je remarque également que le syndicat Vigi-CGT-Police n’est pas dans l’intersyndicale. C’est pourtant le seul à ma connaissance à avoir publiquement dénoncé les ordres illégaux et à avoir mis en cause la hiérarchie et la doctrine de maintien de l’ordre qui met en danger les manifestant-es en les criminalisant et pousse également à des réactions violentes contre les policiers.
Autrement dit cette manifestation impulsée par le syndicat Alliance dont les rapports avec la droite extrême et l’extrême droite sont bien connus est d’abord l’expression d’une fuite en avant corporatiste, qui instrumentalise la violence et les difficultés quotidiennes réelles vécues par les policiers pour mieux les aveugler sur leur déconnexion de plus en plus profonde avec la population et la dérive antidémocratique de leur institution.
Ce qu’il faudrait pourtant, c’est renforcer le contrôle démocratique sur la doctrine et les pratiques de maintien de l’ordre, y compris quand on se soucie des souffrances des agents de police (les études sur la pacification des rapports police/population en Espagne là où il n’y a pas de contrôle d’identité possible sans remise de récépissé sont très claires sur ce point). Suite à la mort de Steve, à la confirmation des fausses informations contenues dans le rapport de l’IGPN, qui a prouvé son inutilité et doit être dissoute et remplacée par un organisme indépendant sur le modèle du Défenseur des droits, la FSU devrait s’investir fortement dans la campagne d’observation des pratiques policières lancée par la LDH, notamment là où elle est impliquée dans le soutien des migrants, car les témoignages d’abus de la force, de maltraitance, et de violences à l’égard des migrant-es et des militant-es solidaires sont déjà nombreux, et risquent fortement d’augmenter quand on entend les propos de Macron qui vient de décider de faire des immigré-es des bouc émissaires pour tenter de répondre de façon opportuniste à la pression du RN et qu’on voit ce matin même l’évacuation du campement de Grande-Synthe qui accueillait 900 migrant-es.