Fin septembre, le Défenseur des droits, en partenariat avec l’Organisation Internationale du Travail, ont publié leur 11ème baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi. Il se concentre sur l’exposition de la population active aux propos et comportements : sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, handiphobes, liés à l’état de santé.
Dans le secteur public, ce sont 27 % des personnes interrogées qui déclarent avoir déjà fait l’objet de propos ou comportements stigmatisants dans l’environnement professionnel (25 % dans le privé).
Depuis plusieurs années, la FSU s’est efforcée de prendre en charge la question des discriminations sexistes au travail comme une question proprement syndicale. Cela se traduit actuellement par un soutien explicite à la mobilisation « Nous Toutes » du 24 novembre, à la signature d’une tribune de syndicalistes y appelant, à l’exigence d’améliorations du texte sur le protocole égalité professionnelle Femmes/Hommes.
Je concentrerai donc mon propos sur un champ où à peu près tout reste à faire : la prise en charge des discriminations racistes au travail comme une question proprement syndicale. Selon le baromètre, c’est 33 % des personnes perçues comme non-blanches qui ont déjà subi des propos et comportements racistes, mais plus particulièrement 54 % des femmes de 18 à 54 ans perçues comme non-blanches qui ont été exposées à des propos et comportements stigmatisants. Face à de tels chiffres, qui révèlent un phénomène endémique dans l’expérience du travail au quotidien, on est en droit de se demander pourquoi les syndicats n’ont pas encore réussi à élaborer des revendications adaptées.
C’est cette question que nous pose le collectif Rosa Parks qui appelle à une mobilisation le 30 novembre et le 1er décembre prochain appelant les victimes du racisme et leurs soutiens à disparaître des lieux de consommation mais d’abord et surtout de travail, avant de se rassembler en manifestation le lendemain. Solidaires a déjà posé des préavis de grève et rédige un appel sur des revendications adaptées pour couvrir les grévistes, sur le modèle du « mouvement 16h34 » qui appelait les femmes à cesser le travail le 7 novembre 2016, et que la FSU avait soutenu.
Lundi prochain, le 19 novembre, une tribune de soutien à l’initiative des journées de mobilisation appelées par le collectif Rosa Parks et signée par des syndicalistes CGT, Solidaires et FSU paraîtra dans l’Humanité. Je la cite : « Nous savons que le racisme frappe dans nos entreprises, nos ateliers, nos chantiers, nos services, nos administrations, dans le droit à l’emploi, qu’il produit des inégalités dans la répartition des tâches et des emplois et dans les déroulements de carrière. C’est dorénavant largement reconnu par plusieurs rapports ministériels ou du Défenseur des droits. Et pourtant rien ne bouge. »
Alors qu’en France comme ailleurs, l’extrême droite poursuit ses manœuvres d’encerclement, nous savons que nous ne la ferons pas reculer sans mobiliser à la base nos collègues sur un sujet comme le racisme qui continuera à la renforcer et à diviser nos luttes tant qu’aucune avancée dans le sens de l’égalité n’aura été obtenue. C’est notre responsabilité d’accompagner des initiatives concrètes qui tentent de faire contrepoids à l’emprise de l’extrême droite dans le monde du travail et c’est pour cela que la FSU doit soutenir la mobilisation lancée par le collectif Rosa Parks.