Macron s’est fixé comme objectif principal d’arriver aux 5 % de taux de chômage, considérés comme équivalant au plein emploi. Son gouvernement utilise donc tous les moyens pour obtenir son totem.
Le 14 novembre, le projet de loi « pour le plein emploi » est voté ; c’est l’aboutissement d’un long processus contre les droits des salarié·es. En 2019, la contre-réforme de l’assurance chômage, déployée après la pandémie de Covid, réduit drastiquement les droits des chômeur·ses et réintroduit la dégressivité des allocations. Il fallait diminuer les droits au chômage pour contraindre les personnes à reprendre un travail, même moins bien rémunéré que le précédent.
La réforme des retraites a poursuivi le démantèlement de la protection sociale. Le gouvernement rejette la convention assurance chômage signée par une majorité des partenaires sociaux en novembre dernier, car il veut durcir encore plus les règles pour les seniors avec moins de droits, plus de pénibilité et plus de précarité. En 2019, à 61 ans, un quart des employé·es et un tiers des ouvrier·es n’étaient ni en emploi ni en retraite.
France travail, baisser le chômage en augmentant la précarité
Le 1er janvier 2024, Pôle emploi devient France travail, une machine de contrôle social !
La loi prévoit l’inscription de toute personne bénéficiant d’une aide de l’État, en plus des allocations chômage, comme l’allocation adulte handicapé ou le RSA. L’intelligence artificielle sera développée pour « mieux » orienter les personnes vers le bon opérateur du réseau de l’emploi.
On parle désormais de « l’écosystème » qui regroupe tous les opérateurs traditionnels (France travail, missions locales, Cap emploi), mais aussi les régions, les départements, les directions du travail, et l’Afpa (formation professionnelle), l’Apec (cadres), les opérateurs de compétences, les maisons de l’emploi, la CAF, la Mutualité sociale agricole et les autres partenaires de placement (groupements d’employeurs, associations d’aide à l’insertion…)
Inscription rime avec engagement a minima de 15 heures d’activité par semaine avec un renforcement des contrôles et des sanctions. Il faut postuler, participer à des forums, à des ateliers de recherche d’emploi, réaliser des immersions professionnelles.
Plus de devoirs, mais pas plus de droits !
80 % des offres d’emploi concernent des emplois précaires, CDD et/ou temps partiel, 20 % sont des CDI à temps plein.
Les employeurs connaissant des « difficultés de recrutement » refusent l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions d’emploi et de travail. Le gouvernement trouve la solution, avec sa minorité présidentielle et les LR de l’Assemblée nationale. Avec France travail, il force la main des plus fragiles pour qu’ils acceptent des postes sous-payés et/ou avec des conditions de travail très dégradées.
Une personne inscrite à France travail pourrait voir le versement de son allocation suspendu ou supprimé pour une panne mécanique de son moyen de transport, une impossibilité à trouver un stage en entreprise dans son bassin d’emploi, ou, par exemple, une « indisponibilité » sur un temps d’activité car ses enfants ne sont plus acceptés à la cantine comme c’est arrivé à Mazamet (Tarn).
Les convocations se multiplient pour des informations collectives, des ateliers de remobilisation professionnelle, sans respect du diagnostic et du plan personnel d’actions engagé. Des convocations massives ont été lancées pour le recrutement de conducteur·rice de bus à Toulouse, avec des personnes malvoyantes, hémiplégiques, sommées de venir assister à une réunion sous peine de sanction, obligées de se justifier alors que leurs échanges avec Pôle emploi exposaient un autre projet professionnel.
France travail, c’est le recours massif à des traitements de masse, sans consentement des personnes, avec des contrats d’engagements unilatéraux qui, en cas d’absences ou de présences « inactives », pourraient constituer un « manque d’assiduité » entraînant automatiquement une mesure de suspension ou de suppression de l’allocation. Pour baisser le taux de chômage, on contraint à accepter tout emploi !
C’est toujours plus d’individualisation et de culpabilisation du chômeur, en dédouanant le capitalisme, le patronat et le gouvernement de leurs responsabilités.
Avec France travail, le gouvernement ne mise pas sur le service public pour respecter ses engagements à suivre et accompagner les personnes en recherche d’emploi ou en évolution professionnelle. Il offre une part plus grande au privé et ouvre aux agences d’intérim les fichiers des personnes inscrites, ce qui est une grande nouveauté et un grand scandale !
Il est prévu de recruter seulement 300 équivalents temps plein pour France travail et la mise en place des accompagnements renforcés des publics. Le recours à la sous-traitance et aux opérateurs de placement privés, payés aux résultats, sera accru et la pression exercée sur les chômeurs engendrera une accélération du retour à l’emploi.
France travail et son réseau pour l’emploi, c’est la mise en concurrence des différents opérateurs. Les conditions de travail des personnels vont s’aggraver, avec la politique de résultats aux conséquences délétères. Thibault Guilluy, futur directeur général, auditionné par l’Assemblée nationale, récite le mantra du new public management : « il s’agira de renforcer la culture du pilotage au résultat, de prendre de meilleures décisions basées sur des résultats factuels et mesurés ». Il appelle à « accélérer les investigations sur l’intelligence artificielle qui risque de bouleverser [les] façons de travailler, le service public de l’emploi, s’il fonctionne mieux, créera des emplois nets ».
France travail, bras armé du patronat pour faire accepter des emplois
Tous les métiers seront touchés par la mise en place de France travail : l’accompagnement, l’orientation spécialisée, le service aux entreprises, la gestion des droits et le management. Nos métiers consistent à prendre en charge des publics fragiles en les accompagnant le mieux possible dans la réalisation de leur projet professionnel, leur recherche d’emploi, leur reconversion. C’est tout le contraire de la philosophie gouvernementale avec sa loi « Plein emploi » et la création de France travail.
France travail, c’est la casse du service public, avec la contractualisation et la régionalisation rampante. Ce n’est pas une réponse au plus près des territoires, des besoins, mais un adéquationnisme aux seuls besoins du patronat, une baronnie locale bien loin de l’égalité de traitement à travers le territoire.
Pour le SNU Pôle emploi, France travail, c’est l’outil qui garantira une main-d’œuvre qui, sous pression des devoirs à remplir et d’un système de sanctions renforcé, acceptera des emplois mal payés, mal considérés, mal valorisés ! Mais Macron devrait pouvoir afficher des taux de chômage approchant le fameux 5 % ! ■
■ Par Alexandra Nougarede
Le 14 novembre, le projet de loi « pour le plein emploi » est voté ; c’est l’aboutissement d’un long processus contre les droits des salarié·es. En 2019, la contre-réforme de l’assurance chômage, déployée après la pandémie de Covid, réduit drastiquement les droits des chômeur·ses et réintroduit la dégressivité des allocations. Il fallait diminuer les droits au chômage pour contraindre les personnes à reprendre un travail, même moins bien rémunéré que le précédent.
La réforme des retraites a poursuivi le démantèlement de la protection sociale. Le gouvernement rejette la convention assurance chômage signée par une majorité des partenaires sociaux en novembre dernier, car il veut durcir encore plus les règles pour les seniors avec moins de droits, plus de pénibilité et plus de précarité. En 2019, à 61 ans, un quart des employé·es et un tiers des ouvrier·es n’étaient ni en emploi ni en retraite.
France travail, baisser le chômage en augmentant la précarité
Le 1er janvier 2024, Pôle emploi devient France travail, une machine de contrôle social !
La loi prévoit l’inscription de toute personne bénéficiant d’une aide de l’État, en plus des allocations chômage, comme l’allocation adulte handicapé ou le RSA. L’intelligence artificielle sera développée pour « mieux » orienter les personnes vers le bon opérateur du réseau de l’emploi.
On parle désormais de « l’écosystème » qui regroupe tous les opérateurs traditionnels (France travail, missions locales, Cap emploi), mais aussi les régions, les départements, les directions du travail, et l’Afpa (formation professionnelle), l’Apec (cadres), les opérateurs de compétences, les maisons de l’emploi, la CAF, la Mutualité sociale agricole et les autres partenaires de placement (groupements d’employeurs, associations d’aide à l’insertion…)
Inscription rime avec engagement a minima de 15 heures d’activité par semaine avec un renforcement des contrôles et des sanctions. Il faut postuler, participer à des forums, à des ateliers de recherche d’emploi, réaliser des immersions professionnelles.
Plus de devoirs, mais pas plus de droits !
80 % des offres d’emploi concernent des emplois précaires, CDD et/ou temps partiel, 20 % sont des CDI à temps plein.
Les employeurs connaissant des « difficultés de recrutement » refusent l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions d’emploi et de travail. Le gouvernement trouve la solution, avec sa minorité présidentielle et les LR de l’Assemblée nationale. Avec France travail, il force la main des plus fragiles pour qu’ils acceptent des postes sous-payés et/ou avec des conditions de travail très dégradées.
Une personne inscrite à France travail pourrait voir le versement de son allocation suspendu ou supprimé pour une panne mécanique de son moyen de transport, une impossibilité à trouver un stage en entreprise dans son bassin d’emploi, ou, par exemple, une « indisponibilité » sur un temps d’activité car ses enfants ne sont plus acceptés à la cantine comme c’est arrivé à Mazamet (Tarn).
Les convocations se multiplient pour des informations collectives, des ateliers de remobilisation professionnelle, sans respect du diagnostic et du plan personnel d’actions engagé. Des convocations massives ont été lancées pour le recrutement de conducteur·rice de bus à Toulouse, avec des personnes malvoyantes, hémiplégiques, sommées de venir assister à une réunion sous peine de sanction, obligées de se justifier alors que leurs échanges avec Pôle emploi exposaient un autre projet professionnel.
France travail, c’est le recours massif à des traitements de masse, sans consentement des personnes, avec des contrats d’engagements unilatéraux qui, en cas d’absences ou de présences « inactives », pourraient constituer un « manque d’assiduité » entraînant automatiquement une mesure de suspension ou de suppression de l’allocation. Pour baisser le taux de chômage, on contraint à accepter tout emploi !
C’est toujours plus d’individualisation et de culpabilisation du chômeur, en dédouanant le capitalisme, le patronat et le gouvernement de leurs responsabilités.
Avec France travail, le gouvernement ne mise pas sur le service public pour respecter ses engagements à suivre et accompagner les personnes en recherche d’emploi ou en évolution professionnelle. Il offre une part plus grande au privé et ouvre aux agences d’intérim les fichiers des personnes inscrites, ce qui est une grande nouveauté et un grand scandale !
Il est prévu de recruter seulement 300 équivalents temps plein pour France travail et la mise en place des accompagnements renforcés des publics. Le recours à la sous-traitance et aux opérateurs de placement privés, payés aux résultats, sera accru et la pression exercée sur les chômeurs engendrera une accélération du retour à l’emploi.
France travail et son réseau pour l’emploi, c’est la mise en concurrence des différents opérateurs. Les conditions de travail des personnels vont s’aggraver, avec la politique de résultats aux conséquences délétères. Thibault Guilluy, futur directeur général, auditionné par l’Assemblée nationale, récite le mantra du new public management : « il s’agira de renforcer la culture du pilotage au résultat, de prendre de meilleures décisions basées sur des résultats factuels et mesurés ». Il appelle à « accélérer les investigations sur l’intelligence artificielle qui risque de bouleverser [les] façons de travailler, le service public de l’emploi, s’il fonctionne mieux, créera des emplois nets ».
France travail, bras armé du patronat pour faire accepter des emplois
Tous les métiers seront touchés par la mise en place de France travail : l’accompagnement, l’orientation spécialisée, le service aux entreprises, la gestion des droits et le management. Nos métiers consistent à prendre en charge des publics fragiles en les accompagnant le mieux possible dans la réalisation de leur projet professionnel, leur recherche d’emploi, leur reconversion. C’est tout le contraire de la philosophie gouvernementale avec sa loi « Plein emploi » et la création de France travail.
France travail, c’est la casse du service public, avec la contractualisation et la régionalisation rampante. Ce n’est pas une réponse au plus près des territoires, des besoins, mais un adéquationnisme aux seuls besoins du patronat, une baronnie locale bien loin de l’égalité de traitement à travers le territoire.
Pour le SNU Pôle emploi, France travail, c’est l’outil qui garantira une main-d’œuvre qui, sous pression des devoirs à remplir et d’un système de sanctions renforcé, acceptera des emplois mal payés, mal considérés, mal valorisés ! Mais Macron devrait pouvoir afficher des taux de chômage approchant le fameux 5 % ! ■
■ Par Alexandra Nougarede
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