Petit livre aux images simples en noir et blanc, Les filles d’Agnès
Rosenstiehl vient d’être réédité par les éditions La ville brûle. Une
petite fille discute avec un petit garçon. Tous deux se montrent leur
sexe respectif, se battent pour rire, parlent (enfin surtout la petite
fille) de ce qui leur plaît, de ce qu’il et elle voudraient faire plus
tard. On est frappé de tant de liberté joyeuse et affirmée dans un
album paru initialement en 1976 (aux Éditions des Femmes quand
même). Les possibles de cette petite fille paraissent infinis. La
liberté est celle des corps et de la parole – on y parle même des
règles ! – et bien sûr des rêves. Une fille, découvre-t-on, ça peut
vouloir jouer aux échecs et s’entraîner à devenir architecte tout en
aimant danser, faire des câlins et se préparer à lire Leibtniz… Dans
cette profusion de désirs affichés, il y en a certes qui peuvent être
conformes aux clichés de genre, mais cela coha- bite très bien avec
des envies plus transgressives. On peut après tout se rêver (deux
minutes) princesse et vouloir jouer au rugby. Le graphisme est d’une
sobriété qui en redouble l’efficacité. Cet album culte était depuis
longtemps introuvable. C’est une excellente idée que celle de le
rendre de nouveau accessible, ainsi que deux autres de cette grande
auteure, réédités dans la même foulée.
Stéphane Moulain
✓ Agnès Rosenstiehl, Les filles, La ville brûle, 14 €.