Faire face aux crises, lutter contre les impérialismes.

Par Antoine Vigot

La situation internationale est marqué par la double crise climatique et du système capitaliste. La sixième limite climatique a été franchie, celle du cycle de l’eau douce. Les chances d’infléchir le réchauffement climatique vont s’amenuisant et les conséquences sont ressenties durement, des explosions caniculaires en Inde et au Pakistan à la sécheresse qui touche actuellement l’Europe de l’ouest. Les conséquences pour les plus fragiles, les pauvres, les femmes et enfants vont s’aggraver, notamment en termes de famine après la décision du gouvernement indien d’interrompre les exportations de blé.

De ce point de vue, le ralentissement global des échanges est d’abord lié aux difficultés économiques. Dans son dernier rapport sur la stabilité du système financier mondial, le FMI, pointe les difficultés liées à l’inflation dans les économies développées, en lien avec le renchérissement des énergies. Il souligne que l’Europe est particulièrement exposée à un risque de crise majeure du système dans les prochains mois : la question n’est pas de savoir si une crise financière va advenir mais quand et de quelle ampleur ? Là encore les plus pauvres, les enfants et souvent d‘abord les femmes vont payer les conséquences de la crise en termes de paupérisation et de dégradation des conditions de vie.

Les femmes paient déjà le prix fort face au durcissement des mouvements réactionnaires, comme l’a souligné l’ironique concomitance la semaine passée de la remise en cause du droit à l’avortement par les conservateurs aux États-Unis, au moment où les Talibans en Afghanistan réimposent la burqa aux femmes. Un bel exemple de ce que Gilbert Achcar nommait en 2002 le « choc des barbaries ». Un visage de femme à symbolisé combien elles sont les premières victimes des violences et désordres : celui de la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Aqleh, nouvelle victime de l’occupation israélienne et de la violence coloniale en Palestine. Sa mort symbolique rappelle aussi qu’en Palestine, les femmes sont en première ligne face aux souffrances imposées par l’occupant israélien. La loi sur la nationalité récemment votée interdit ainsi aux Palestiniens les regroupements familiaux en Israël. Cette loi discriminatoire, qui fait de facto reposer sur les femmes les conditions d’une vie de famille monoparentale, participe au régime d’apartheid mis en place par Israël dénoncé en mars 2022 par Michaël Lynk, le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens.

Les femmes sont aussi en Ukraine des cibles de guerre spécifiques, comme l’a montré l’usage du viol comme arme de guerre par la soldatesque de Poutine. Le convoi intersyndical de solidarité pourrait acheminer des moyens pour aider les femmes ukrainiennes à faire respecter leur droit à l’IVG. En Ukraine, la guerre se prolonge et le choix de l’administration Biden de renforcer son aide militaire complexifie une situation en renforçant la dimension inter-impérialiste du conflit. Pour autant le peuple ukrainien a un droit fondamental à l’autodétermination et à l’indépendance, il est en lutte contre un impérialisme russe agressif et nous devons continuer à soutenir sa cause, ainsi qu’à défendre l’accueil inconditionnel de toutes et tous les réfugié·es. De la même manière l’élargissement annoncé de l’OTAN à la Suède et la Finlande, produit de l’agression de Poutine, annonce un renforcement inquiétant des risques de confrontation militaire en Europe. Face à cette situation, nos capacités d’action sont limitées mais elles ne sont pas nulles. Le mouvement syndical peut lutter contre la hausse des budgets militaires et les politiques bellicistes. Il faut renforcer les luttes contre les impérialismes où nous le pouvons, et donc en premier chef contre l’impérialisme français. En ce début de semaine, des révoltes au Tchad ont visé les intérêts des multinationales françaises, notamment Total. La répression des civils tchadiens a été violente. Elle est le fait d’un gouvernement soutenu par la France . De même en Libye, des heurts ont éclaté à Tripoli, après l’entrée du gouvernement de l’Est, soutenu, par le Maréchal Haftar. Ce dernier a reçu un soutien militaire du gouvernement russe et de la diplomatie française. Le mouvement syndical français doit s’emparer de ces questions et dénoncer son propre impérialisme.