Education Prioritaire : laboratoire de la politique éducative du gouvernement

Intervention de Marie-Hélène Dor (CAN, La Réunion)

L’Éducation Prioritaire est le terrain d’expérimentation de l’orientation politique libérale globale que le ministre Blanquer entend imposer à l’Éducation nationale. Il y expérimente sa vision des évolutions du système éducatif : culture des projets, multiplications de labels sans moyens associés, renforcement de la contractualisation, mise en concurrence des établissements, des disciplines, des collègues, pressions renforcées des hiérarchies sur les personnels, ingérences pédagogiques…
Les Cités Éducatives, mesures phares de la réforme de l’EP, sont de véritables laboratoires de l’ultra-libéralisme appliqué à l’école publique ne serait-ce que par la mise en concurrence des établissements au sein d’une même Cité et l’externalisation des missions via le partenariat avec les collectivités ou encore avec des associations et des entreprises. Même chose dans les Territoires Éducatifs Ruraux : cités éducatives campagnardes en version “low-cost”, sans aucun moyens, expérimentés l’an passé mais qui seront étendus au delà des 3 académies expérimentales dès cette année.
Il n’y a en réalité rien de bien neuf : le projet d’une part modulable de la prime REP rappelle le prime au mérite dans feu les établissements ECLAIR. Les annonces de Macron à Marseille d’une expérimentation du recrutement localisé des personnels rappellent les lettres de missions dans ces mêmes ECLAIR… Or on l’a bien vu : cela ne marche pas, seul le statut permet de mettre des professeurs devant tous les élèves, dans tous les territoires.
A tout ceci s’ajoute un état des lieux de l’EP qui n’honore pas le gouvernement. Les restrictions budgétaires affectent tout autant l’EP, qu’il s’agisse des postes d’enseignants, de vie scolaire, d’AESH et tout le reste de l’équipe pluriprofessionnelle…
L’objectif de l’EP n’est plus de donner plus à ceux qui ont moins, mais d’avancer sur les déréglementations et la marchandisation du service public d’éducation : on est donc en droit de craindre le pire pour tous les établissements sans label.
Le SNES-FSU doit exiger l’abandon de l’expérimentation des Cités Éducatives.