Édito: toutes les vies se valent, pour un cessez-le feu immédiat en Palestine

Le conflit israëlo-palestinien est entré dans une nouvelle phase. Alors que la colonisation et la violence contre les Palestinien·nes allaient croissant depuis des mois (attaque de colons à Huawara en février, incursion israélienne à Jénine en juillet, bombardements à Gaza en août), la réaction militaire du Hamas, le 7 octobre, a provoqué un changement d’échelle. Le massacre de 1400 civil·es israëlien·nes perpétré par le Hamas a entraîné en réponse une guerre totale menée par le gouvernement de Netanyahou au prétexte d’un droit à se “défendre”. Après avoir sommé la population d’évacuer en seulement quelques jours le nord de la bande de Gaza, le pilonnage aérien de nombreuses infrastructures, dont des camps de réfugié·es, et l’invasion terrestre ont des conséquences dévastatrices pour les civil·es. Le nombre de victimes s’élève déjà à plus de 9000 morts dont un tiers d’enfants. Ces opérations militaires accompagnées d’un blocus total ont des conséquences humanitaires dramatiques empêchant l’acheminement des vivres nécessaires à la survie de la population mais aussi les soins à prodiguer aux nombreux·ses blessé·es et malades.
Ces exactions sont commises loin des sources d’information du fait de l’impossibilité d’entrer sur le territoire des journalistes qui sont aussi victimes des frappes militaires.

L’ONU et de nombreux·ses observateur·rices extérieur·e et organisations dénoncent les atrocités commises à Gaza, mais aussi en Cisjordanie, et le désastre humanitaire en cours qui s’apparente à un nettoyage ethnique sous couvert de lutte contre le terrorisme. A Rafah, le procureur de la CPI appelait même au respect des lois de la guerre et indiquait qu'”entraver l’acheminement de l’aide humanitaire pouvait constituer un crime de guerre”. Toutes et tous appellent solennellement à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire sans entrave.

Si cette offensive meurtrière menée par le gouvernement israëlien bénéficie d’un soutien d’une partie de la communauté internationale dont les États-Unis et la France qui invoquent le droit d’Israël à se défendre, elle fait toutefois l’objet d’une dénonciation ferme de la part de certains états qui suspendent leurs relations diplomatiques avec Israël pour exercer une pression. Car en plus de la tragédie humaine qui se noue à Gaza, ce conflit comporte un risque d’extension à l’échelle régionale et fait peser une lourde menace pour la paix et la sécurité internationale.

Alors que des manifestations importantes de solidarité avec les civil·es Gazaoui·es se déroulent à différents endroits du globe, le gouvernement français s’emploie méthodiquement à empêcher les expressions de soutien aux Palestien·nes et une mobilisation citoyenne de masse. Suite à des débats internes assez vifs dans sa direction nationale, la FSU est signataire avec de nombreuses organisations d’un appel à une marche contre la guerre les 2 et 4 novembre qui constitue une première étape dans la construction d’une mobilisation unitaire sur le mot d’ordre “Halte au massacre à Gaza ! La France doit exiger un cessez-le feu”. La participation à cet appel unitaire était indispensable pour l’École Émancipée. Il est important d’investir massivement ces mobilisations pour rappeler que chaque vie compte, exiger l’arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population, la levée immédiate du blocus, la protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie. L’École Émancipée combat tout discours islamophobe et antisémite qui profite du conflit au Moyen Orient pour déverser sa haine.
Seule une paix juste peut garantir dans la durée la sécurité des populations israélienne et palestinienne et apaiser les tensions qui se sont exacerbées en France depuis le 7 octobre. Le gouvernement s’honorerait à travailler et s’exprimer fortement en ce sens, plutôt que de s’acharner à stigmatiser ou interdire les expressions de soutien à la population civile palestinienne.

Mais l’inconséquence politique de Macron ne se mesure pas que dans sa position sur ce qui se passe à Gaza. Confirmé président des riches par des expert·es de la fiscalité, il a inauguré cette semaine la Cité de la langue Française à Villers-Cotterêts et apporté son soutien au projet de loi la droite visant à interdire l’écriture inclusive… Il assume par ailleurs de lancer le débat sur la loi asile et immigration qui risque d’amplifier la stigmatisation des étranger·es en France et de poursuivre sa politique “climaticide”, destructrice des droits sociaux et des biens communs.
Sa première ministre quant à elle a usé pour la énième fois de suite du 49.3 depuis sa prise de fonction.
Un sens des priorités et un déni de démocratie qui nécessiteront notre mobilisation aussi dans les semaines à venir.