Edito de l’Equipe Responsable
Les chaises musicales du remaniement ministériel de ces derniers jours ne masquent pas les difficultés dans lesquelles la Macronie est engluée. Sa droitisation se poursuit avec la nomination de plusieurs ministres aux profils très conservateurs, certain·es recyclé·es du Sarkozysme ou opposé·es à la progression des droits des personnes LGBTQI (mariage pour tous·tes, PMA, adoption…). Autre provocation : les propos de soutien d’Emmanuel Macron envers Gérard Depardieu tenus publiquement. Cela en dit long sur le peu d’intérêt qu’il accorde à sa grande cause de début de quinquennat : la lutte contre les violences faites aux femmes. Le cadre unitaire de la grève féministe a initié des rassemblements ce 11 janvier contre ce vieux monde qu’il entend préserver et pour défendre les droits des femmes, des enfants et des minorités de genres. Ces rassemblements s’inscrivent dans les dynamiques enclenchées lors des mobilisations du 25 novembre et participent à la construction de la grève féministe du 8 mars prochain.
Gabriel Attal arrive à Matignon comme premier ministre après avoir instrumentalisé l’École au profit d’une propagande rétrograde et passéiste. Il a réaffirmé qu’il serait le garant de la priorité absolue accordée à l’école. Le ministère de l’éducation nationale serait ainsi sous la tutelle du chef du gouvernement, aux ordres de l’Élysée. Amélie Oudéa-Castéra devient donc ministre d’un super ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports vide de compétences. Celle-là même qui tentait de justifier devant une commission de l’assemblée nationale son salaire net annuel de 500 000 € lorsqu’elle était directrice de la fédération française de tennis vient dès le premier jour de sa nomination de cracher à la figure de celles et de ceux qui font l’École publique. Interrogée sur le fait qu’elle scolarise ses enfants à Stanislas, établissement catholique et réactionnaire connu pour ses positions homophobes et anti-avortement, elle a pointé les défaillances de l’école publique pour mieux faire la promotion d’une l’école privée qui organise le séparatisme scolaire. Mais qui porte la responsabilité de cette dégradation ? Face à l’ouverture de telles hostilités, la grève nationale du 1er février arrive à point nommé ! Elle sera l’occasion pour les personnels, soutenus par les parents, de réaffirmer une autre idée pour l’École, d’exiger des moyens, de meilleurs salaires et conditions de travail mais aussi l’arrêt de toutes les politiques conservatrices de ségrégation sociale. Cette grève ne peut être qu’une étape dans la construction d’un front beaucoup plus large et puissant pour défendre le service public d’Éducation et ses agent·es.
Alors que Guérini, ministre sortant de la Fonction publique, annonçait lors de ses vœux une grande réforme, la Fonction publique perd son ministère de plein exercice dans le nouveau gouvernement. C’est un très mauvais signe pour tous ses agent·es et les usager·es. La journée d’action du 19 mars, envisagée pour l’ensemble de la Fonction publique autour de la question des salaires, sera une première étape dans la construction d’une mobilisation de fond pour sa défense et sa promotion.
Gabriel Attal devient ainsi le nouveau chef d’orchestre d’un gouvernement qui joue une partition d’extrême droite. La loi Darmanin est toujours d’actualité avec l’examen de son contenu par le conseil constitutionnel le 25 janvier. Inspirée des idées d’extrême droite dont elle reprend un marqueur idéologique historique, celui de la préférence nationale, cette loi raciste et répressive ne doit pas être promulguée. En plus des initiatives de samedi 14 janvier, 201 personnalités nationales appellent à des marches et rassemblements partout en France le dimanche 21 janvier. Au moment où les digues sautent, il est indispensable de réussir à construire un mouvement très large et unitaire contre cette loi et la normalisation des idées de l’extrême-droite.
Les manifestations en faveur d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza et en Cisjordanie se sont aussi poursuivies samedi 13 janvier. Même si ces manifestations sont numériquement moins importantes que dans d’autres pays, elles sont absolument nécessaires. Elles ont, par ailleurs, déjà joué un rôle dans le discours et les positions du gouvernement. Les terribles conséquences de cette guerre sur les populations de Gaza et de Cisjordanie, avec 70% des victimes qui sont des femmes et des enfants, ne sont plus à démontrer. Elles sont particulièrement édifiantes à l’égard des plus jeunes, des enfants, de l’école et de la santé. Plusieurs observateurs ont d’ores et déjà pointé la dérive génocidaire de cette guerre menée actuellement par Israël.
Les nombreuses raisons de la colère sont un terreau fertile pour les mobilisations à venir ! Mais face aux reculs et offensives, le mouvement syndical devra prendre toute sa place comme une force d’opposition à l’injustice néolibérale, aux menaces fascistes et être porteuse d’espoir et d’alternatives sociales et environnementales.
Et pour continuer à renforcer cette orientation syndicale, la bonne bonne résolution de cette nouvelle année : c’est d’adhérer à l’École Émancipée !