Première organisation aux élections, le SNES se construit en partie sur sa capacité à intervenir dans des instances paritaires où il est largement majoritaire. Cette position lui donne des responsabilités particulières. Or le paritarisme est en crise.
Il faut distinguer ici deux types d’instances : les Comités techniques (CTP), les conseils de l’Education Nationale (CEN) et les Commissions administratives (CAP). De plus en plus les premiers semblent réduits, au moins au niveau académique et départemental, à un simple exposé des contraintes ministérielles et des effets locaux de ces décisions. Cela se traduit par des annonces de suppressions de postes, d’heures, de divisions contre lesquelles les syndicats ne peuvent rien dans l’instance elle-même. Bien sûr le SNES et la FSU votent, quand la question se pose, contre ses mesures, mais un tel vote négatif n’a pas d’effet en soi. Quel est donc l’intérêt de notre présence ? Le plus souvent le SNES s’y rend afin de faire une déclaration, de montrer son poids et sa connaissance des dossiers, pour tenter de peser sur les marges. Cela occupe de façon importante les responsables sans avoir toujours des résultats à la hauteur. Pour redonner un sens à notre présence il faut se servir des CTP et CEN comme caisse de résonance : préparer collectivement la déclaration, la diffuser massivement auprès des syndiqués et des collègues, ainsi que les interventions du SNES et les réponses de l’administration. Quand c’est possible organiser des rassemblements et ne pas hésiter à sortir pour rejoindre les collègues.
S’agissant des CAP la question est encore plus cruciale : parce que bon nombre de collègues se syndiquent par ce biais, en espérant une défense individuelle, parce que tout montre aujourd’hui qu’il est de plus en plus difficile pour les commissaires paritaires de faire efficacement ce travail de défense. La montée des promotions au mérite vide de sens les interventions des représentants syndicaux : comment par exemple intervenir sur des avis pour l’accès à la hors-classe lorsqu’ils ne s’appuient plus sur des éléments maîtrisables ? La décentralisation a multiplié pour les certifiés, les CPE, les Copsy et de plus en plus les agrégés, les opérations dans les rectorats. La complexité de ces opérations, comme les mutations, et le manque du personnel rectoral rendent la tâche encore plus lourde. Cette lourdeur semble voulue par l’administration : elle permet de retenir, l’attention, l’énergie et le temps de militants expérimentés qui sont, par là même, moins souvent dans les établissements. Nous ne pouvons pas pour autant déserter les CAP. Alors que faire ? Expliquer inlassablement aux collègues le travail des commissaires paritaires : vérifier, sans le faire, le travail de l’administration, défendre collectivement les collègues. Là encore diffuser de façon systématique les déclarations d’entrée de CAP ; faire du mandat du congrès du Mans sur le doublement des suppléants dans les CAPA des grosses académies une véritable revendication et se donner les moyens de la faire avancer dans les faits, ne pas accepter le traitement que l’administration nous réserve parfois (dans les convocations, les suppléances …) et … décider d’une véritable limitation des mandats pour renforcer l’aspect politique et non technique de l’action des commissaires paritaires.
Elisabeth Hervouet, commissaire paritaire certifiée à Créteil