Débat général – Nos tâches syndicales prioritaires, pour un printemps de luttes et d’espoirs !

Claire Bornais (École Émancipée)


Deux mois après la passation de pouvoir aux États Unis, le rapprochement de Trump avec Poutine a de nombreuses répercussions. Entre autres , cela amène l’Europe à envisager désormais le risque que la guerre en Ukraine s’étende à ses frontières dans un avenir pas si lointain.

Or les syndicalistes que nous sommes exigent la paix : les premières victimes de la guerre sont toujours les plus précaires et les salarié·es que nous défendons. Jamais le patronat et les possédants, qui en profitent toujours pour en tirer des bénéfices. Mais nous luttons aussi contre l’injustice et l’oppression et pour le droit des peuples à l’auto-détermination. La paix, pour être durable, doit être juste, et ne peut se faire aux conditions de l’agresseur.  Et nous savons que des décisions prises par des dirigeants peu sensibles aux arguments syndicaux, peuvent amener la guerre, malgré notre refus. C’est pourquoi la question de notre position sur ce sujet nous sera posée. Et notre réponse ne peut pas ignorer l’éléphant dans la pièce. Nous devons savoir dire que nous voulons la paix, bien sûr. Mais aussi que si « économie de guerre » il doit y avoir pour augmenter l’aide française à l’Ukraine, ce n’est pas le peuple qui doit la financer par des sacrifices, en particulier sur les services publics. Mais bel et bien les riches et ultra-riches, par l’augmentation de leurs impôts, qui ont beaucoup baissé ces dernières années, nous devons le marteler aussi.

Mais les déclarations de Macron et Bayrou, du MEDEF et autres néolibéraux, sur l’effort de guerre à fournir sans augmenter les impôts ne laissent pas de doute. La guerre que le gouvernement et ses alliés envisagent prioritairement dans ce contexte est celle déjà menée de longue date. Ils veulent profiter de cette occasion pour l’intensifier :  la « guerre sociale » contre les services publics, le temps de travail, les retraites et la protection sociale en général… Et plus généralement, la guerre à tout ce qui gêne le profit à court terme: la défense de l’environnement, celle des droits humains et des libertés publiques, la démocratie, et j’en passe. 

Pourtant, la sécurité ne peut pas être envisagée uniquement sous l’angle militaire. L’aggravation des injustices sociales est un cadeau de plus fait au RN. Un RN qui espère bien rejoindre la clique des dirigeantes et dirigeants d’extrême droite, plus nombreuse d’année en année.  

C’est pourquoi nous devons rappeler sans cesse les liens qui se renforcent entre les milliardaires et l’extrême droite, pour contrer l’idée que l’extrême droite défendrait les petits contre les gros. Nous devons aussi donner de l’espoir en faisant parler de nos propositions alternatives et peser sur la gauche politique pour qu’elle soit à la hauteur de la gravité de la période. 

Il y a quelques mois, le sociologue Vincent Tibérj que nous avons entendu lors d’un CDFN, nous présentait son analyse d’une France moins à droite que sa classe politique.  Des mobilisations récentes réussies, comme le 8 mars et le 22 mars, semblent lui donner raison. L’hégémonie culturelle n’est pas tombée du côté de l’extrême-droite, il y a encore de l’espace pour notre camp social. Nous devons entretenir et faire grandir ce potentiel de mobilisation. Le 5 décembre dans la Fonction publique a montré que les agent·es publics aussi peuvent être au rendez-vous.

Malgré son champ restreint à la Fonction publique, la FSU peut et doit se donner un rôle d’impulsion dans l’intersyndicale interpro. Nous pouvons ainsi être force de proposition à l’intersyndicale complète : par exemple, en proposant de travailler des supports de conscientisation et de conviction à l’échelle de masse. Cela  pourrait constituer un premier pas vers des mobilisations à envisager en commun. En premier lieu sur la question des retraites, puisque le fameux conclave de Bayrou était bien sûr destiné à ne rien remettre en cause. À défaut, nous pouvons le faire rapidement avec nos partenaires (CGT et Solidaires). 

Des mobilisations sectorielles se développent dans la période, même dans le champ de la Fonction publique :

– ce 25 mars à la PJJ,  dans l’enseignement agricole, 

– le 27 mars dans l’enseignement supérieur et la recherche,

– le 1er avril à France travail, dans le secteur social et médico-social,

– Le  3 avril  dans la FP

La mobilisation du 1er mai doit permettre de porter, avec les revendications syndicales, celles de paix. Mais aussi les questions de justice sociale et écologique, plus que jamais essentielles, actuellement étouffées par les discours sur « l’économie de guerre ».

Nous devons essayer d’y faire ajouter des initiatives unitaires interpro ou Fonction publique, pour construire le nécessaire rapport de force à même de rompre avec les politiques austéritaires en cours.

La date du 15 mai est déjà envisagée dans l’intersyndicale Fonction publique. Il faut essayer d’en faire une date interprofessionnelle. Il s’agit de faire de ce printemps un printemps de luttes pour une société plus juste et plus fraternelle, et donc un printemps d’espoir.