Débat général – Nouvelle réforme de l’assurance chômage : toujours plus loin dans la guerre sociale

Alexandra Nougarede (SD 31)


Quatre ans après l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage, sans surprise, le durcissement des conditions d’ouverture des droits a conduit à une baisse du nombre de chômeur·ses indemnisé·es, touchant de plein fouet les plus précaires qui se sont vu·es contraint·es d’accepter des contrats toujours plus précaires comme l’indique le dernier bilan de l’Unédic en des termes plus policés : « … la réforme a accru leur urgence à retrouver un emploi et a restreint leurs exigences quant à la qualité des emplois qu’ils souhaitent exercer, avec in fine un effet négatif sur la qualité des emplois retrouvés ». Rappelons que moins de 4 chômeur·ses sur 10 perçoivent des allocations, avec un montant moyen de 1 130 € pour les hommes et de 890 € pour les femmes.

Les politiques de casse de l’emploi, de pression sur les salaires et sur les conditions de travail et d’affaiblissement de la protection sociale accroissent, mesures après mesures, la précarité et la pauvreté d’une partie de la population et de le jeunesse.

Au 1er avril, une nouvelle convention assurance chômage va entrer en vigueur. Elle met en musique la réforme des retraites 2023, en durcissant l’accès aux allocations chômage pour les plus de 53 ans. Pas assez vieilles et vieux pour prétendre à la retraite, iels risquent de se retrouver coincé·es entre la fin de leurs droits au chômage et le début de la retraite. Selon les chiffres de la Dares (rattachée au ministère du Travail), 56% seulement des 55-64 ans sont en emploi, un taux inférieur à celui de la moyenne de l’Union européenne (il est de 60,5%). En France, à 60 ans, seul·e un·e actif·ve sur deux est encore en activité, l’autre moitié se répartissant entre chômage et invalidité.

A cela se couple la loi plein emploi avec notamment le prochain déploiement du contrôle de la recherche d’emploi qui vise en particulier les personnes les plus vulnérables : les allocataires du RSA, qui risquent la perte d’un à quatre mois d’aide. Les sanctions ce n’est que pour les précaires ! Ce n’est toujours pas contre les entreprises qui usent de l’argent public pour toujours plus de dividendes à distribuer, voire user des dits « plan de sauvegarde de l’emploi » pour augmenter leurs marges comme Michelin.

Le gouvernement utilise son outil de coercition qui est France travail. Il est mis en œuvre un plan d’efficience visant à faire faire au personnel de la « personnalisation de masse », véritable violence institutionnelle pour les personnels quant à leur sens au travail, et valeurs du service public.

La guerre sociale produit ses effets sur les travailleuses et travailleurs. On les accuse d’être responsables de leur situation, y compris celle de rester au chômage, voire de travailler dans des filières écocides. Les premières victimes restent les travailleurs et travailleuses dont l’emploi est en jeu avec la nécessité de prendre en compte les transitions de métiers et de qualifications pour faire face aux enjeux industriels et environnementaux, nécessitant une adaptation des métiers et des qualifications.

Dans la campagne contre les 64 ans, pour l’emploi, il est indispensable de s’engager pour une autre assurance chômage. Avec les 80 ans de la sécurité sociale en 2025, lançons nos réflexions pour obtenir la sécurité sociale professionnelle et environnementale ! Il y a urgence pour contre-carrer la guerre sociale déjà lancée !