Antoine Vigot
Alors que l’extrême droite progresse partout dans le monde, une lueur d’espoir pourrait venir du Brésil. Les élections y auront lieu le 2 octobre prochain et les enquêtes d’opinion laissent entrevoir une défaite du candidat Bolsonaro, dont le bilan est entaché par les scandales et la corruption Toutefois la campagne de ce dernier, qui s’appuie sur un plan d’aide est en dynamique et le risque de crise institutionnelle avec un Bolsonaro jouant le Trump des Tropiques et s’accrochant au pouvoir est réel. La victoire de Lula serait néanmoins un soulagement dans la région après la défaite importante du mouvement social chilien avec le rejet du projet constitutionnel le 4 septembre dernier.
En Europe, après la poussée de l’extrême droite inédite en France, plusieurs pays menacent de basculer politiquement et de porter au pouvoir des coalitions où l’extrême droite aura la part belle. En Italie, des élections auront lieu dimanche et toutes les enquêtes annoncent la victoire de Fratelli d’Italia et de Giorgia Meloni.
En Suède, le11 Septembre, le parti d’obédience néo-nazie des Démocrates de Suèdes a remporté 73 sièges sur 349, 20,5 % des suffrages, devant le parti conservateur des « modérés » de Ulf Kristersson (68 députés).
Ce score, quadruplé depuis 2010 résonne d’autant plus comme une alerte que la coalition de gauche avait mené un programme limité mais réel, de politique sociales et d’assurance chômage.
Le paysage de crises multiples que traverse le monde est, pour l’extrême-droite, une aubaine et elle s’emploie à les exploiter. Les « digues », les cordons sanitaires que d’anciens partis dit démocrates mettaient en avant, ne tiennent plus. En Suède, les conservateurs le parti des Modérés et leurs alliés ont contribué à la normalisation des Démocrates de Suède dans l’arène parlementaire, en leur permettant d’obtenir des postes de responsabilité au Riksdag.
Ce climat général rend possible des accélérations de l’histoire. Le danger est d’autant plus grand que le spectre de l’extrême-droite s’est passablement agrandi et que le néo fascisme, ou post fascime, selon les auteurs, a muté.
Les régimes dit illibéraux comme celui du hongrois Orban, récemment réélu dans un contexte de démocratie confisquée en sont l’exemple. Quant au peuple ukrainien, il sait mieux que quiconque à quel point l’autoritarisme et le nationalisme sont le nid du bellicisme et de l’expansionnisme, une étape qui suit, alimente et renforce la liquidation des droits démocratiques du peuple russe. Le modèle poutinien, pourtant fauteur de désordre internationaux majeurs, inspire, renforce, convainc une partie des élites de pays occidentaux qu’il peut être une alternative à la démocratie. La solidarité internationale entre les fascismes, déjà vue sous Trump et un fait, avec la Russie comme pourvoyeuse de fonds de partis politiques.
Ce contexte oblige.
Il oblige à une solidarité internationale sans faille. qui permet de créer les ponts et d’organiser la solidarité entre mouvements syndicaux de différents pays quand ces derniers sont attaqués. Ce qu’ont fait les syndicats français à l’échelle de leurs moyens avec les syndicats ukrainiens.
Il oblige à lutter pied à pied sur nos valeurs. Ne pas céder sur les droits des femmes, considérer à sa juste valeur la vague islamophobe telle qu’elle existe, ne pas appréhender la radicalisation des forces répressives de l’État ou le basculement dans un militarisme inquiétant seraient autant d’erreurs, terreau de défaites futures.
Il oblige enfin à créer les conditions d’un front unitaire de lutte en positif, à donner un autre imaginaire. À l’image de ce qu’il peut exister sur les droits des femmes, la lutte contre l’extrême-droite et pour un autre projet de société doivent être des terrain privilégiés d’un travail intersyndical, vecteur de la nécessaire unification syndicale.
Pris en étau entre l’extrême droite et l’extrême libéralisme, la situation n’est pas facile. La crise systémique majeure qui vient , qui s‘est amorcée dans le secteur de l’énergie, au bord de l’implosion, va mettre cet hiver les ménages déjà aux prises avec le mur de l’inflation dans une situation intenable. En Grande Bretagne depuis juillet ce sont plusieurs centaines de milliers qui sont passés sous le seuil de pauvreté. Les immenses mobilisations dans le secteur ferroviaire montrent la voie. De grandes mobilisations spontanées sont une possibilité importante, il faut s’y préparer et être disponibles pour y porter nos propositions et se confronter à l’extrême droite qui ne manquera pas d’essayer de les récupérer.