Débat général – Co-construire des mobilisations pour une rupture écologique et sociale


Laurent Cadreils


Pour l’école émancipée, la première des priorités à l’issue de ce CDFN c’est que dans les SD, dans les SN, nous mettions tout en œuvre pour réussir le 29 septembre.

Cette date conjuguée aux mobilisations sectorielles va dire quelque peu le climat social de rentrée.

Cette date et les suites données seront un beau lancement de notre campagne des élections professionnelles.

Et nous n’avons pas franchement le choix. Il va falloir construire un fort niveau de conflictualité avec le gouvernement et pour cela convaincre les personnels de la nécessité d’agir collectivement et de la possibilité de victoires. Macron fait le pari inverse en précipitant les attaques sur l’assurance chômage, les retraites, les droits sociaux et refuse, même symboliquement, de faire payer les riches. 

Le rôle des organisations syndicales n’est pas simple dans cette période de rentrée car il faut dessiner les contours de mobilisations unitaires nécessaires tandis que les élections professionnelles ont tendance à pointer ce qui divise plutôt que ce qui fait commun.

Et pourtant il y a urgence.

Urgence écologique bien sûr.

L’été aura, par son lot de catastrophes, rendu plus visible encore les effets de bascule du productivisme. Il est nécessaire de rompre avec le modèle capitaliste et avec l’idée que la croissance soit infinie. Oui, il faut interdire les vols en jets privés, oui il faut refuser la coupe du monde au Quatar car c’est une folie écologique et un scandale humain. Oui, il faut interroger l’alimentation collective et la production d’énergie… Sur ce sujet, comme sur d’autres, le gouvernement ne veut pas prendre la mesure. L’écologie se limite aux petits gestes et à une responsabilisation individuelle, bien davantage guidés par la pénurie à venir de gaz que par la nécessité d’une bifurcation.

Et pour notre syndicalisme, il y a un enjeu majeur à faire de cette question, un enjeu central. Porter la question des évolutions nécessaires de nos métiers, des services publics, pour porter une autre société. C’est un marqueur d’un syndicalisme tourné vers l’avenir et prêt à parler aux nouvelles générations en liant fin du monde et fin du mois.

Urgence démocratique avec une volonté de l’exécutif encore une fois de contourner les organisations syndicales, le parlement, le débat et la confrontation.

Le pseudo dialogue du CNR immédiatement fragilisé par la menace du 49-3 et la volonté de faire rentrer la réforme des retraites par le truchement du PLFSS sont révélatrices d’une vision bonapartiste du pouvoir.

Urgence démocratique, toujours, quand les ministres courent après la démagogie de l’extrême droite et poussent toujours plus loin les restrictions des libertés.

Urgence sociale, avec la question salariale qui va voir un premier temps fort le 29.

L’inflation met en lumière le poids du ruissellement libéral : les pauvres enrichissent toujours plus les riches. Il faut remettre tout cela à l’endroit.

Il faut imposer de toucher à la répartition capital-travail et prendre notre part dans les batailles symboliques sur la taxation des profiteurs de crises.

On porte déjà une forme d’échelle mobile des salaires avec l’indexation de la valeur du point d’indice sur l’inflation, doit on revendiquer une mesure d’urgence unifiante à 300 € pour tout-es ? 

Urgence sociale enfin sur la question de la réforme des retraites qui va percuter tout le calendrier social et politique.

Macron veut passer en force sur la réforme des retraites pour faire payer aux seuls salarié·es et privé·es d’emploi les besoins sociaux.

Cette question doit faire l’objet d’un profil déterminé de la FSU, un profil unitaire qui permette de faire front commun pour annoncer au gouvernement que le monde du travail n’acceptera pas de nouvelles régressions et exige la retraite à 60 ans, sans décoté avec 37,5 annuités et 75% du dernier traitement.

C’est ce profil résolument combatif qui permettra de donner à voir à quoi sert notre syndicalisme.

C’est ce profil combatif et unitaire qui sera un des marqueurs des élections professionnelles.

On imagine pas tout à fait de la même façon la période si on les fait reculer ou pas sur les retraites, comme si on gagne des choses ou pas sur les salaires, comme si on gagne des choses ou pas sur la taxation des superprofits.

Les Assemblées Générales de grévistes le 29 devront pouvoir ouvrir un cadre collectif de débat sur les suites et seront un bon indicateur du degré de mobilisation des personnels. Elles seront un appui pour construire les mobilisations tous azimuts pour défendre les Services Publics, poursuivre la bataille salariale et contrer l’offensive macronienne sur les retraites.

Enfin, dans un contexte marqué par une forte poussée de l’extrême droite, le lien entre mouvement social et mouvement politique prend une nouvelle acuité.

Et de ce point de vue, il faut noter la place centrale que la FSU continue d’occuper pour maintenir et se développer des liens pérennes, des échanges entre la gauche sociale et la gauche politique.

Il faut que ce CDFN, avance sur comment les organisations syndicales de transformations sociales avec les associations peuvent soutenir la marche du 16 octobre et surtout comment réellement co-construire des mobilisations pour une rupture écologique et sociale dans un grand bloc regroupant les syndicats partis et associations.