Romain Gentner (BN, Grenoble)
Canicule, feux de forêt, inondations au Pakistan, pendant qu’ils détruisent la planète et paradent dans leurs jets skis et leurs jets privés, le gouvernement nous appelle aux “petits gestes”. C’est au mieux de l’hypocrisie, au pire de la manipulation. Le président des ultra-riches et son gouvernement ont décidé que rien ne changerait. Il nous reste pourtant peu de temps (3 ans selon le GIEC). Et pendant ce temps-là, les profiteurs-euses de crise dont font partie les grandes entreprises pétrolières tirent avantage de l’augmentation du prix du carburant (18 milliards de bénéfices pour Totalenergies au 1er trimestre, soit +200%, alors qu’elle ne paie pas d’impôts sur les sociétés en France depuis 2019 !).
Notre camp social n’oublie pas que c’est le capitalisme qui est responsable du réchauffement climatique. Les 10 % les plus aisé·es émettent 5 fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre des Français·es. Des alternatives existent, comme en Allemagne où le ticket mensuel de transport à 9 € a permis d’économiser 1,8 million de tonnes de CO2 ou en Espagne où la gratuité des transports en commun permet de limiter le coût du carburant pour la population. Cela passe par le développement des services publics et par une autre répartition des richesses.
Nous devons faire campagne (et soutenir la pétition) pour la taxation des superprofits, quand est médiatisé le fait que les dividendes augmentent de 32,7%, l’inflation fait grimper les prix de 7%, alors que les salaires augmentent au mieux de 3,5%. La guerre en Ukraine a bon dos.
Macron veut aller vite dans le démantèlement des services publics et de la protection sociale (sécu, chômage). Dans ce contexte, l’annonce par la FSU du boycott du cyniquement dénommé CNR est un bon signal.
En réponse : il faut continuer à nous faire entendre pour porter nos analyses sur la situation de l’éducation nationale. Le ministre a perdu la guerre de la com’ et à faire croire qu’il y a bien un·e enseignant·e devant chaque classe. Il ne parvient pas à cacher la crise profonde qui touche notre secteur. Ses solutions visent à déréguler toujours plus : nouveau pacte et nouvelles missions pour les enseignant-es, réforme du lycée et du bac, du recrutement et de la formation des enseignant·es, évaluations des établissements, remplacements en interne réactivés, baisse des DHG, suppressions de postes, recours accru et normalisé aux contractuel·les… tout cela a pour buts la caporalisation, la casse des statuts, pour mieux en finir avec l’école publique gratuite. La communication du SNES doit être minutieusement réfléchie avec le double objectif de donner de la visibilité et de l’écho à nos revendications et obtenir le soutien de la population contre la politique du gouvernement. Pour cela, cela suppose de lier nos revendications professionnelles à des revendications sur la qualité du service rendu, tout en étant plus tranchant dans notre discours sur l’état des choses et vers là où va l’école.
La répression que subit Kai Terada est emblématique à cet égard, suspendu 4 mois sans qu’aucun motif ne lui ait été communiqué, pour permettre un “fonctionnement serein de l’établissement”, c’est-à-dire sans militant·e syndical·e.
Emboîtons le pas des mobilisations pour faire barrage à la politique ultralibérale de Macron et de son monde ! Au Royaume-Uni, l’inflation a rendu la situation explosive et a relancé le mouvement commencé en juin.
Pour réussir la journée de grève du 29 septembre avec la CGT et Solidaires, il faut populariser cette initiative et que des mobilisations locales percent, qu’elles soient appuyées, médiatisées et mises en lien. Que les parents d’élèves se soient emparé·es de la question et que les collègues se soient mis·es en disposition de se battre.
Dans notre profession particulièrement féminisée, il faut rappeler à nos collègues qu’elles seront les grandes perdantes du salaire au mérite. Par ailleurs, il faut préparer dès maintenant dans nos communications les grèves féministes à venir. Le droit à l’avortement est encore bien trop menacé dans beaucoup de pays.
Le SNES et la FSU doivent continuer à s’investir aux côtés du mouvement social dans toutes les initiatives qui permettent de tracer des alternatives au projet de société ultralibéral du gouvernement ou proto-fasciste de l’extrême-droite. Il faut continuer à faire jeu commun, comme cela a été le cas autour de la non-participation au CNR. La « marche » de début octobre initiée par la NUPES devrait constituer une perspective après la grève du 29, en même temps qu’une étape pour consolider l’unité d’un mouvement social fort et porteur d’alternative.
Comment se battre sans démoraliser nos collègues ? Usons de tout notre répertoire pour construire un plan d’actions : appels francs à la grève et à des actions symboliques, mots d’ordre clairs (par exemple à refuser les évaluations des écoles et établissements, comme le fait la FSU-SNUIPP), assemblées générales à toutes les échelles, rencontres avec d’autres secteurs de la fonction publique ainsi qu’avec les usagèr·es, et gagnons grâce à cette dynamique les élections professionnelles.