Débat action – Lycée / Bac : fédéraliser pour fédérer


Par Olivier Thiébaut (CAN, Dijon)


Il arrive parfois que l’on regrette presque d’avoir eu raison. Comme cela est souligné dans le projet de texte, tout a confirmé les analyses que le SNES-FSU avait porté contre la réforme de destruction du bac. La perte de sens pour les collègues de lycée en est une conséquence majeure, après 6 mois à cravacher pour préparer les écrits, et la métaphore est parfois fort juste quant au ressenti des élèves, iels ont passé 3 mois à courir après les élèves absents pour préparer les dernières épreuves ou finaliser le contrôle continu. La réforme a accru la vision utilitariste de l’enseignement et par conséquent elle en a limité l’aspect émancipateur.

Elle aggrave les inégalités, l’absentéisme ayant été souvent plus fort pour les élèves aux situations sociales défavorisées, en particulier dans les voies technologiques. Les cas ne sont pas rares de lycéen·nes ayant pris un job sur les derniers mois de cours au lieu de continuer à venir au lycée. Cette ambiance a déteint sur les autres niveaux du lycée où l’absentéisme a également augmenté par rapport aux autres années (au moins dans les lycées de mon département).

Il n’y a plus grand monde pour défendre cette réforme surtout après que les médias nationaux et locaux se sont emparés du sujet avec souvent le SNES-FSU comme interlocuteur privilégié. La réponse, hors sol, du ministre sur les dates de conseils de classe comme explication de l’absentéisme a fini de le décrédibiliser.

Sur tous ces points, nous sommes en accord. C’est pour cela que le SNES-FSU ne doit pas seulement poursuivre ses actions pour faire connaître nos propositions transitoires comme « levier de syndicalisation »  mais tout simplement avoir comme objectif de gagner sur ce sujet et donner une bouffée d’air aux collègues, aux élèves et à leur famille. Il faut dès la rentrée construire une campagne offensive en concertation avec les syndicats lycéens et les parents d’élèves pour obtenir à minima la mise en place des demandes transitoires et enfoncer un coin en même temps contre parcoursup dans les caractéristiques d’outils de tri ne cessent d’être confirmées. Cette campagne, intégrée dans le compte à rebours évoquée par Damien, pourrait prendre appui sur des pétitions, la mise en avant des critiques pédagogiques issues de la profession, de la recherche etc.. Nous pourrions également établir un rapport de force en évoquant dès septembre un possible mouvement au moment des épreuves de mars en l’absence de réponse du ministère.

Enfin, dans un cadre plus large, il faut appeler les S1 dans les lycées polyvalents à agir en FSU pour créer du lien avec les collègues des sections professionnelles (et en 1er lieu du SNUEP) touché·es par une réforme faisant avancer à grand pas la privatisation des enseignements professionnels et la  minorisation des enseignements dits généraux.