Débat action – Lutter syndicalement contre l’extrême droite et ses idées

Olivier Thiebaut (CAN, Dijon)

Je souhaitais revenir sur la question de la lutte contre les idées d’extrême droite, problématique essentielle dans le contexte actuel. Il faudrait “revenir à la lutte des classes” car le sociétal avec l’exemple de la question des droits des femmes, ne serait pas l’enjeu principal pour les collègues ; ou éviter l’analyse du caractère fascisant du RN qui ne serait pas audible largement dans la population. Cela ne nous semble pas opératoire pour s’opposer à elles.

Pour l’EE, il n’y a pas d’opposition entre économie/social et sociétal : il s’agit à chaque fois de lutter contre les inégalités. Ce sont les deux jambes sur lesquelles nous devons avancer dans ce contexte de montée de l’extrême droite et pour nous de difficultés de syndicalisation.

En effet, nous sommes d’accord sur le fait qu’il est inutile voire contre-productif de se contenter de dire “ce sont des fafs”, il faut poursuivre le travail d’éducation et d’information déjà engagé, par exemple dans le cadre de VISA. Mais aussi s’appuyer sur la reconstruction de réseaux militants locaux qui construisent les solidarités partout sur le territoire, à l’image de nos S1 pour diffuser notre message et pour lutter localement contre toute dérive, comme cela s’est apparemment passé au lycée Charlemagne. Le SNES FSU doit rappeler cette volonté dans son texte action car les idées racistes, xénophobes et plus particulièrement islamophobes issues de l’extrême droite ont hélas infusé dans la société. Le gouvernement en porte une responsabilité majeure avec des lois restreignant les libertés et des propos attaquant tous ceux et celles qui défendent l’égalité des droits en nous taxant d’islamo-gauchisme. Il suffit, par exemple, de se rappeler du soutien à peine voilé de Blanquer ou Darmanin au RN Odoul lorsqu’il avait agressé verbalement une mère d’élève voilée au Conseil Régional de Bourgogne Franche Comté. Odoul est maintenant un député très largement élu de l’Yonne département où je vis et enseigne.

Il faut démontrer que le ciment du RN reste le racisme, la xénophobie et la haine de l’autre et face à cela, défendre les migrant·es qu’il attaque et que le gouvernement souhaite renvoyer dans “leur pays”. Il faut rappeler que pour le RN, le droit d’asile se limite à celles et ceux qui en ont fait la demande dans une ambassade française de leur pays d’origine ou d’un pays limitrophe ce qui le rend quasi inapplicable.

Il faut rappeler à celles et ceux victimes de la répression du mouvement social que le RN défend dans son programme la modernisation de l’armement des forces de l’ordre et le droit au port d’armes pour tous les retraité·es de ces professions. Qu’il défend une “présomption de légitime défense”, atteinte majeure de plus contre l’Etat de droit.

Il faut rappeler sa présence dans les “manifs pour tous” et sa volonté de défendre le patriarcat en demandant une augmentation des prestations familiales qui renvoie les femmes à un rôle de mère ou plus exactement à la sphère domestique. Il ne faut pas oublier qu’une partie importante de ses cadres souhaite une limitation du droit à l’avortement…

Il faut rappeler qu’il soutient les gouvernements fascisants d’Orban ou de Morawiecki dont les programmes bien que dotés de composantes sociales ont abouti à des restrictions des libertés.

Il faut rappeler enfin leur volonté d’interdire l’enseignement des langues Turques, arabes… ; qu’il souhaite le  retour de l’uniforme, la limitation de la liberté pédagogique en particulier en Histoire.

Il faut rappeler que beaucoup de ces points sont solubles dans le projet macroniste.

Enfin, pour qu’une alternative au néolibéralisme autoritaire à la Macron et à l’ultralibéralisme bonapartiste à la Le Pen émerge, il faut que notre camp social remporte des victoires et reprenne confiance en ses forces. Il est urgent de gagner une augmentation immédiate des salaires pour tou·tes et la fin de la réforme Blanquer du lycée et de Parcoursup, par exemple. et donc de marcher sur nos deux jambes.