Par Marie Haye (secrétaire nationale, Nantes)
Les annonces de Guérini sur le point d’indice ne sont pas seulement insuffisantes : dans un contexte d’inflation galopante, après 20 ans de gel, c’est d’une nouvelle baisse des salaires des fonctionnaires dont se félicite le gouvernement. Il faut le dénoncer en ces termes.
Dans l’éducation, les mesures socle sont largement insuffisantes. Le doublement de l’ISOE et les mesures de carrière (qui ne renforcent pas les acquis de PPCR, mais le déverrouillent en partie pour adapter nos carrières à l’allongement que la réforme des retraites leur fait subir), correspondent certes à certaines de nos revendications, mais il n’est ni juste, ni tactique d’écrire qu’il faut les mettre à notre seul actif : ces mesures n’étaient pas prévues avant la mobilisation contre la réforme des retraites. C’est cela qu’il faut mettre en évidence pour montrer aux collègues, nécessité qu’a rappelée Gwen hier, que la mobilisation permet des avancées.
Faute de revalorisation, le ministère voudrait nous obliger à consentir à de nouvelles dégradations : nous partageons les analyses qui ont été formulées sur le Pacte, mais il nous semble qu’il faut insister sur l’idée qu’il sert aussi à gagner plus d’indemnités désocialisées et défiscalisées, ce qui consiste à scier la branche sur laquelle nous sommes assis·es. Rappelons que le dernier rapport du COR indique que la réforme des retraites n’aura pas les effets escomptés en raison, notamment, du déficit de recettes liés aux salaires en berne des fonctionnaires et à des mesures d’exonération fiscales sur les rémunérations.
L’augmentation des salaires doit être notre fil à plomb syndical : celui qui permet de tirer les fils d’autres revendications pour l’école, celui qui permet de tisser des liens avec les parents et d’autres secteurs. Le Pacte, c’est l’étincelle qui doit nous permettre d’allumer la mèche de la mobilisation.
Construire dès la rentrée, et donc dès maintenant, une mobilisation sur les salaires permettra d’offrir un débouché aux refus que nous espérons les plus massifs possibles, et de mettre tout le monde d’accord, même les collègues potentiellement signataires et dont nous aurons besoin pour l’emporter.
C’est le sens de la campagne en forme de compte-à-rebours avant grève que nous proposons dans notre texte, qui rejoint l’idée de Nancy-Metz d’un mot d’ordre en forme d’ultimatum, ce que permet moins facilement une grève à la veille des congés d’automne. C’est aussi le sens de nos propositions sur la manière d’organiser les collègues, et de la nécessité, sur le Pacte comme sur le Bac, d’œuvrer à l’échelle fédérale, ce qui ne peut consister à expliquer aux autres SN de la FSU ce qu’ils doivent dire ou faire.
Il faut également trouver des leviers d’entraînement, envoyer des signaux, comme une adresse intersyndicale aux collègues les encourageant à poursuivre et amplifier toutes les actions pour contraindre le pouvoir à abandonner le Pacte et à reverser l’enveloppe dans le pot commun du socle.
Le Pacte porte en lui toute la cohérence des attaques libérales contre l’école, mais c’est bien contre elles dans leur globalité que nous devons mener une bataille de conviction, avec la période de vote du budget en ligne de mire, ce qui suppose de se donner explicitement cette échéance. Car c’est aussi la question des débouchés politiques de nos luttes que nous devons nous poser, comme l’a rappelé Lille hier. L’enjeu n’est pas seulement de valoriser le SNES comme l’a dit Olivier, mais de construire le rapport de force pour gagner.