Débat action – Intervention conclusive de l’École Émancipée

Marie Haye (Secrétaire Nationale, Nantes)

Commençons par une bonne nouvelle et réjouissons-nous avec nos camarades du SNESUP : le gouvernement a pu trouver en urgence les moyens de créer un premier emploi en vue de préparer la rentrée universitaire 2022. Un poste d’enseignant-chercheur à l’université Paris 2 Panthéon-Assas, créé spécialement pour Jean-Michel Blanquer. Il en manque encore 7434 pour accueillir les 33 400 étudiant·es supplémentaires.

Hier encore, Eric Woerth s’inquiétait de la présidence de la Commission des finances : « Les Insoumis ont visiblement en tête de faire du contrôle fiscal. » Mais le meilleur arrive ensuite : « Ce que je n’ai pas entendu au Rassemblement National. »

Hier enfin (quelle journée, décidément !), Edouard Philippe plaidait pour un gouvernement de coalition, qui résonne avec la demande de Macron à Fabien Roussel de composer un « gouvernement d’union nationale ». Ce qui est possible avec LR et le RN qui se positionnent en « opposition constructive », ne l’est pas avec la gauche de rupture, que Macron cherche à diviser et isoler.

Le point commun entre ces trois faits apparemment isolés et sans rapport ? La domination. Celle d’une classe qui s’autorise des traitements de faveur, l’accaparement des richesses, la casse libérale des conquis sociaux de la population, de nos droits et libertés, de la planète, pour s’enrichir encore.

Ne nous laissons pas dominer : après tout, ne sommes-nous pas le syndicat majoritaire dans le 2nd degré ? Nos revendications sont justes, elles sont légitimes, elles sont porteuses de transformation sociale. Reprenons la main et imposons-les.

Pour cela, informons, faisons campagne dans notre champ. Il a été dit hier que le silence du nouveau ministre puis le flou de ses déclarations nous laissait peu de prises. Mais il a aussi été souligné hier que Pap Ndiaye chaussait les bottes de Blanquer et de Macron, dont nous connaissons les projets : « perfectibilité » des réformes du dernier quinquennat qui seraient donc de bonnes réformes (et nous aurions intérêt à davantage médiatiser le scandale du bidouillage massif des notes de spécialité, d’ailleurs), revalorisation « à mériter », élargissement de la déréglementation marseillaise… Alors décryptons ces projets, et opposons-leur le nôtre. Comme l’a dit Johanna, allons au-delà de la défense de nos statuts, revendiquons leur amélioration, qui se justifie d’ailleurs par le projet d’école que nous portons.

Mobilisons aussi, et profitons de la fenêtre médiatique de la rentrée pour le faire, une rentrée impossible qui s’annonce, en particulier en raison du manque de personnel, en sollicitant des témoignages du terrain comme le texte action le suggère (et sur ce point, il peut être utile d’élargir l’enquête prévue à destination des S1 à toutes et tous les syndiqué·es voire à toute la profession). Dans l’immédiat, et comme la revalorisation attendue, en admettant qu’elle arrive, risque de ne pas produire ses effets tout de suite, il faut revendiquer une session exceptionnelle des concours à l’automne. Produisons dès à présent du matériel sans se limiter aux réseaux sociaux (à ce propos, la campagne pour le dégel du point d’indice repose sur un contre-sens : ce n’est pas la fonte de notre point d’indice qu’il faut revendiquer) : affiches, tracts, diaporama à mettre à disposition des S1 pour la rentrée, S1 dont il faut travailler la mise en réseau et dont il faut relayer les mobilisations.

Construisons l’unité, fédérons nos collègues, avec les autres syndicats de la FSU d’abord, et nos partenaires CGT et Solidaires ensuite. Dans notre champ, nous pourrions être à l’initiative d’une conférence de presse de rentrée. Au niveau interpro, tenons-nous prêt·es, disons notre disponibilité à construire, car c’est vraisemblablement à ce niveau, plusieurs interventions l’ont dit, que les choses pourraient démarrer à la rentrée. L’inflation et par conséquent l’urgence salariale peuvent créer un emballement à la rentrée, surtout si on parvient à convaincre qu’une hausse franche et générale est nécessaire et possible. Le climat, les luttes féministes, pour les droits et les libertés, contre la répression syndicale, seront d’autres terrains de mobilisations. La bataille des retraites s’annonce centrale et nous aurions intérêt dans notre texte, non seulement à dire que le report à 65 ans est injuste socialement et injustifié économiquement, mais aussi à réaffirmer notre mandat de retraite à 60 ans en montrant en quoi il est parfaitement soutenable, et juste.

Informer, mobiliser relayer, construire, y compris avec nos partenaires, sont nos tâches prioritaires. Cela n’est pas incompatible avec la campagne des élections pros, nous l’avons dit. Au contraire : cela va la nourrir. Les collègues, du moins celles et ceux susceptibles de voter pour nous, nous reprochent rarement d’avoir construit des mobilisations, même minoritaires, mais beaucoup plus souvent de ne pas avoir mené le combat. Alors n’ayons pas peur, comme l’a suggéré Mathieu, d’inclure la grève dans les possibles des modalités d’action de la rentrée.