Lucie Lefèvre (BN, Nantes)
La grève, c’est encore un levier, un temps qu’on se donne pour se rencontrer, médiatiser nos messages, cela peut être l’espace , dans un cadre interprofessionnel de faire entendre aussi nos revendications catégorielles, en lien avec les problématiques qui traversent toute la FP. L’idéologie à l’œuvre et que nous combattons est la même.
Le 29 septembre, nous serons en grève. C’est aujourd’hui (et c’est un peu tard, il faut bien l’admettre) que nous devons ensemble prendre la ferme décision de réussir cette date. Peut-être que nous ne serons pas nombreux·ses en grève et dans les rues, peut-être que nous aurons des difficultés à convaincre les collègues. Mais il faut au moins que nous ayons essayé de le faire. Personne ne pourra nous reprocher d’avoir posé cette date, comme un camarade l’a dit très justement hier. Le reproche, nous nous le ferons d’autant moins que nous aurons mis notre énergie dans la bataille. L’écart croissant entre nos salaires et le coût de la vie nous y pousse, la dégradation de nos conditions de travail nous y obligent. Il nous faut aujourd’hui envisager les moyens que nous nous donnons pour réussir cette date du 29. Il faut le décider collectivement. Nous aurons du matériel la semaine prochaine. Il faut aussi imaginer, sur le fond ce qui convaincra nos collègues. A École Émancipée, il nous semble que cette date, doit marquer les esprits peut-être autrement que par la satisfaction que procure le nombre. Il nous faut utiliser ce temps de la grève pour marquer les esprits par des idées chocs, des idées fortes qui nous donnent la satisfaction d’une mobilisation entendue par le plus grand nombre. La question des salaires et de la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation est à articuler avec la question de la dévalorisation de nos métiers et de la dégradation des conditions de travail, et c’est à articuler aussi à la question de la qualité du service public. Autrement dit, nous devons arguer du fait qu’un prof mal payé, c’est un prof amoindri, qui perd confiance dans ses qualités professionnelles et qui démissionne. Et pour mal payer un prof, il faut lui faire perdre confiance en considérant par exemple que n’importe qui peut faire son travail. Pour l’instant, les libéraux ont gagné sur les deux tableaux : on nous paie mal pour nous dévaloriser, et nous faire oublier la qualité de notre travail et du savoir que nous transmettons permet de mal nous payer.
Prenons le contre-pied de ce projet libéral : montrons en quoi la jeunesse a besoin d’une formation de qualité pour faire face à tous les défis du monde actuel, ce qui suppose des professeur·es formé·es lors de leur entrée dans le métier mais aussi tout au long de leur carrière.
Diffuser l’idée que l’’enseignement est simplement un job, permet d’accentuer la précarisation des personnels. Nous sommes aux côtés de nos collègues non-titulaires pour les défendre, nous devons aussi avancer sur l’idée d’un plan de titularisation de toutes et tous, car on le sait, par la précarité, ce qui est fragilisé, c’est tout ce que nos statuts permettent encore comme protection contre l’arbitraire, les inégalités, les abus de pouvoir. C’est aussi la garantie que ce que nous enseignons est encore indépendant du pouvoir politique.
Pour conclure, notre objectif immédiat et urgent c’est avancer le 29 comme une étape indispensable dans notre combat futur pour une vraie revalorisation du métier enseignant dans sa globalité.