Antoine Vigot (CAN, Normandie)
Cher.e.s camarades,
Il a été rappelé avant moi, par Clément Lefèvre, l’importance de la crise et combien la séquence électorale qui vient ne nous est pas indifférente. Dans cette période, notre responsabilité de syndicalistes, c’est d’enclencher la première étape de la résistance au néolibéralisme pour aller vers de nouveaux conquis sociaux. C’est de nous impliquer dans les luttes, par les grèves.
C’est ce message que nous devons marteler à nos collègues : nous ne déléguons à personne notre capacité à transformer la société et à obtenir l’égalité réelle. Même dans l’hypothèse d’un gouvernement plus favorable à nos mandats, c’est par la lutte, dans les écoles, les collèges, les lycées que nous ferons gagner nos revendications sur les salaires, sur la retraite, sur l’écologie, sur les services publics laïcs, gratuits. Sur le retour à une fonction publique respectée, avec un paritarisme renforcé. Sur l’obtention des moyens nécessaires au bon fonctionnement de l’école.
On le sait, ce ne sera pas un dîner de gala : gagner passe par une mobilisation d’ampleur dans un premier temps sur les salaires et pensions. Celle-ci doit être actée puis proposée rapidement à nos partenaires syndicaux, comme nous avons su le faire le 13 janvier, pour une action, y compris de grève, fin mai ou tout début juin, peut être en lien avec la semaine d’actions proposée par la CGT. Ce sera l’occasion notamment de rappeler à M. Macron ses promesses de dégel du point d’indice.
Ne croyons pas que celui-ci est resté bloqué pendant 5 ans pour des raisons seulement budgétaires. C’est une volonté délibérée de dégrader l’attractivité de nos métiers et de mettre en avant la primauté du contrat sur le statut.
Une initiative maintenant du syndicalisme de transformation sociale aurait également le bénéfice d’inviter la question des services publics et de l’école dans le paysage des législatives.
Disons le haut et fort. On ne veut pas payer la crise, on ne veut pas primes, on veut du salaire, ici et maintenant ! L’exaspération des collègues est là, n’hésitons pas à nous en saisir et ne remettons pas à plus tard.
Dans un second temps il faut aussi mettre en œuvre une campagne avec nos partenaires, CGT et Solidaires sur la question des retraites et de la protection sociale.
Enfin concernant la rentrée, la CGT a annoncé une mobilisation interprofessionnelle pour Septembre. Il faut y inscrire nos revendications pour l’éducation, la préparer sérieusement dès maintenant, et marteler que la rentrée ne peut pas se passer dans ces conditions, pas une rentrée de plus dans cet état.
Il faut chercher dès maintenant à construire un mouvement pour la mise en œuvre du plan d’urgence pour l’école, appuyé sur les constats du désastre de 5 ans de Blanquer. Le promouvoir pour donner toutes les chances à nos collègues de s’en emparer et faire vivre un mouvement social victorieux.
Le mot joie est revenu dans ces discussions de congrès. Au delà du divertissement, il prend son sens dans l’histoire du mouvement ouvrier en ce qu’il évoque cette « joie pure » dont parlait la philosophe Simone Weil dans son texte célèbre sur les « grèves de la joie » de 1936. « Il s’agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d’oser enfin se redresser. Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir pleinement et entièrement des hommes [et des femmes] ».
Et la philosophe de poser une interrogation qui résonne avec un écho tout particulier à l’heure de l’urgence climatique : « Y aura-t-il autre chose ? Allons-nous enfin assister à une amélioration effective et durable des conditions de vie et de travail (…) ? »
Nous faisons nôtre sa réponse : « L’avenir le dira ; mais cet avenir, il ne faut pas l’attendre, il faut le faire. »