Les temps sont très durs mais pas pour tout le monde. Jamais les milliardaires ne se sont autant gavés que l’an dernier avec une rente mondiale de 524 milliards de dollars tandis qu’en France, la Bourse a encaissé des profits en hausse de 18%. En parallèle, la crise frappe toujours plus les plus pauvres et creuse inlassablement les inégalités.
Des cadeaux par milliards pour le patronat
Dans ce contexte, les réponses du gouvernement dit de « gauche » sont sidérantes. Après la hausse de la TVA -l’impôt le plus injuste- pour financer le crédit d’impôts de 20 milliards pour les entreprises, une « réforme » des retraites dans la droite ligne des précédentes, le refus de toute hausse supplémentaire du SMIC conjuguée à la poursuite du gel du point d’indice dans la Fonction publique…, il passe la vitesse supérieure !
Avec le « pacte de responsabilité », le gouvernement amplifie les cadeaux aux patrons à hauteur de 30 milliards, qui seront financés une nouvelle fois par les ménages et les salariés. Pour «compenser» ces cadeaux au Medef, les « dépenses » de l’Etat, notamment de protection sociale, seraient ainsi réduites de plus de 50 milliards les trois prochaines années.
L’orientation politique du gouvernement est aujourd’hui clarifiée, 50 milliards d’économies -qui s’ajoutent aux 15 milliards du budget 2014- à faire au détriment des conditions de vie de l’ensemble de la population contre 30 milliards de cadeaux aux patrons payés par les salariés via une hausse des impôts, une stagnation salariale et une accentuation de la flexibilité du travail. Cette politique libérale est assumée et n’a rien à envier à celle de Sarkozy. C’est celle du choix du capital contre le salariat.
Services publics et fonction publique exsangues
Ce choix de poursuivre massivement les réductions drastiques, la MAP qui se place en digne héritière de la RGPP, vont poursuivre l’affaiblissement des services publics et de la Fonction publique. Parallèlement, le désengagement de l’Etat se poursuit avec l’accentuation de la décentralisation qui vise à modifier profondément son organisation : primauté aux métropoles dans une logique de mise en concurrence des « territoires », fusion de collectivités pour en diminuer le nombre, droit donné aux régions d’adapter les normes (adopter des « lois de région ») et transfert accru de compétences aux collectivités. Conjuguée à la baisse des dotations aux collectivités locales, cela conduira à un éclatement et à un affaiblissement des politiques publiques et des services publics.
Dans l’éducation, malgré l’affichage d’une priorité, cette politique austéritaire a des conséquences lourdes. D’abord, très clairement, le budget tout au long du quinquennat ne permettra pas de réparer les dégâts causés par les destructions massives d’emplois des années Sarkozy dans un contexte d’accroissement des effectifs. Et au rythme actuel, les 54 000 créations de postes resteront une simple promesse de campagne électorale.
L’austérité “plombe” l’éducation
L’ensemble des réformes de Peillon sont fortement marquées par ce carcan budgétaire. Celle des rythmes s’inscrit de plus dans un contexte de renforcement de la décentralisation et de désengagement de l’Etat. La dite relance de l’éducation prioritaire se fera par redéploiement comme l’illustrent les mobilisations actuelles en Ile-de-France. Et si elle comporte quelques améliorations pour certains (indemnités et pondération de 1,1), elle comporte également des mesures inacceptables issues d’une politique de « management » inchangée depuis 10 ans (Graf, postes à profil notamment).
Les « chantiers métier », eux, excluent la grande majorité des enseignants des écoles, ont soulevé des colères (celle des CPGE contre la baisse de leur traitement) et des inquiétudes légitimes, comme celle relative à la refonte du statut enseignant (vers plus d’individualisation, de « mérite », de gouvernance locale…) ou celle d’une constitution d’une hiérarchie intermédiaire (CPC, direction de grandes écoles) dans le premier degré.
La formation des enseignants avec une mise en place des ESPE chaotique ne permettra pas une formation digne de ce nom, comme le disent formés et formateurs dans les mobilisations actuelles.
Si les mobilisations des salariés peuvent être compliquées, comme l’a montré la difficile bagarre contre la réforme des retraites en septembre, elles existent néanmoins : il y a des mobilisations sectorielles, avec des salariés dans des actions parfois radicales, lorsque leur entreprise est menacée de fermeture ou frappée par les licenciements.
Dans l’éducation, on a eu et on a également des mobilisations sectorielles et catégorielles (rythmes, profs des CPGE, infirmières scolaires, collèges d’éducation prioritaire d’Ile-de-France, Espé) qui chaque fois rassemblent largement les collègues concerné-es.
Ne pas laisser la rue à la droite et à l’extrême droite, construire un front syndical contre l’austérité
Alors que cette droitisation de Hollande renforce les mobilisations de droite et d’extrême droite qui attaquent sur toute une série de terrains (droits des femmes, fiscalité, école, …), la journée de grève interpro du 18 mars doit être l’occasion d’une première mobilisation massive et convergente des salariés. Une étape nécessaire dans la construction d’un large front syndical contre l’austérité.