Cet été, alors que les J.O.P occupaient les écrans et les esprits, les conflits en Ukraine et à Gaza ont continué d’affecter des millions de personnes, tandis que des catastrophes naturelles aux effets dévastateurs sont venues renforcer la nécessité d’agir face au réchauffement climatique. Les mobilisations autour de la COP28, début décembre, seront des occasions pour nous investir sur ce sujet.
En France, le paysage politique est toujours aussi trouble. Sous couvert de stabilité, Macron a remis en question notre démocratie. L’imposition d’un Premier ministre issu d’une droite radicale pourrait aggraver les fractures dans notre société et encourager les discours d’extrême-droite.
Les organisations syndicales ont donc une responsabilité face à cette situation. Il est impératif de réaffirmer nos valeurs, de défendre nos droits et de revendiquer des conditions de travail dignes. Dans l’éducation, les réformes imposées ces dernières années ont échoué à répondre aux véritables besoins des élèves et des enseignant·es. Nous devons continuer à le dire et à le montrer, en commençant par dénoncer fermement l’enseignement privé qui s’asseoit sur la mixité sociale et l’égalité des chances. Et, si le Ministère doit fermer des classes, qu’il les ferme dans le privé, plutôt qu’envisager de le faire dans le public du fait de la baisse démographique.
Dans les mois à venir, notre engagement sera déterminant. Nous devons œuvrer pour obtenir des avancées significatives : revalorisation des salaires, amélioration des conditions de travail et rejet des politiques qui menacent l’intégrité du système éducatif et ce, dans un contexte complexe. Le Pacte version 2 en est la parfaite illustration. Comme l’a expliqué à la presse notre camarade du SNUPDEN-FSU, Karine Boulonne, le 10 septembre dernier, il nous faut, en cette rentrée, faire face à “un principe de réalité” : “Le nombre d’heures sup’ a baissé et les collègues remplissent de toute façon les missions”. C’est pourquoi, dans notre texte, même si rappelons qu’il faut dire encore et encore le mal que nous pensons d’un contrat qui nuit à nos statuts, plusieurs missions, qui devraient relever d’IMP ou d’autre chose depuis des années, risquent fort de passer au Pacte.
Or, comme le travail gratuit n’est pas acceptable, nous devons donc être transparents avec les collègues, tout en restant fermes sur nos principes. Un bel exercice d’équilibriste en perspective mais qui est urgent, les réunions sur la répartition des heures supplémentaires ayant déjà commencées. Le texte adopté par la CAA de Lyon tente de dresser des pistes. Ce CN doit aboutir à un mot d’ordre pragmatique pour aider les S1, coincés dans une situation inconfortable.
Sur le reste, le Choc des savoirs, notamment sa poursuite en 4° et 3° ou l’impact sur les pratiques des collègues de maths et de français, le SNU, l’uniforme, les stages de Seconde, nous devons poursuivre la mobilisation pour dénoncer et faire capoter ces réformes, la Cour des Comptes pointant elle-même la gabegie. Profitons-en ! Appuyons là où ça fait mal, en dénonçant ces dispositifs aussi inutiles que coûteux !
Une mobilisation, disais-je, qui doit commencer le 1° octobre mais qui doit se poursuivre au-delà de cette date.
En effet, dans le cadre d’un plan d’actions, qui ne doit pas être impacté par le congrès fédéral, si ce n’est pour donner plus d’écho à notre action, d’autres questions, plus ou moins complexes, doivent obtenir des réponses : le DNB, car la pause accordée n’est pas plus satisfaisante que l’existant, les programmes d’EVARS ou d’EMC, la baisse des effectifs menacée par les annonces de réduire des classes du fait de l’évolution démographique, la formation des maîtres qui implique une réponse fédérale claire, en lien avec les autres OS et les associations. Les victoires syndicales obtenues en Angleterre et au Québec montrent que seul un plan concerté avec l’ensemble des collègues peut véritablement créer le rapport de force nécessaire à l’obtention de gains. Il faut sans doute réfléchir à comment le créer « à la française », le rapport au syndicalisme et à l’action n’étant pas le même. Nous faisons une proposition dans notre texte.
Reste un chantier énorme et fondamental, celui de l’extrême-droite dont le vote a aussi progressé dans notre milieu. De ce point de vue, le travail intersyndical, notamment avec la CGT, doit s’amplifier. Il faut, par nos réponses syndicales, combattre l’idéologie de ce parti qui peu à peu s’infiltre jusque dans nos classes. La politisation du discours syndical ne doit plus être un gros mot. Il faut, au contraire, réfléchir aux cadres, tel PISA, et aux alliances que nous devons tisser pour engager ce travail qui sera forcément difficile et long. Mais, comme pour le climat, et les enjeux de bâti scolaire qui en découlent, il est désormais inévitable. Il passera forcément par un travail et des actions spécifiques, mais aussi par la participation à des actions plus générales autour des droits, comme celui à l’avortement le 28 septembre prochain.
Repolitiser les débats dans les salles des profs et les établissements scolaires, ce n’est pas faire de la politique partisane, c’est redonner les moyens de mieux comprendre les enjeux actuels et à venir. C’est le rôle d’un syndicat majoritaire.