Chasser les migrant·es : sport national ou européen ?

  • édito de l’équipe responsable – 21 novembre 2022

234 naufragé·es dont 57 enfants à bord du bateau Océan Viking ont erré près de trois semaines en Méditerranée avant de pouvoir enfin accoster en France. L’opinion publique a pu assister à un jeu de ping-pong entre les gouvernements italien et français pour vérifier lequel des deux serait le plus lâche et le plus inhumain. Une nouvelle tragédie a été évitée de justesse tant la situation à bord du bateau devenait critique pour nombre de rescapé·es.

Mais une fois en France, ces hommes, ces femmes et ces enfants ont été la cible de propos ignominieux d’une partie importante de la droite et de toute l’extrême droite. Même G. Collomb, macroniste de la première heure, est sorti de son oubli médiatique et politique pour dire tout le mal qu’il pensait de cette arrivée en France. Dans le même temps, on apprenait que les 27 migrant·es qui se sont noyé·es dans la Manche l’an dernier auraient pu être sauvé·es si les autorités  françaises et anglaises n’avaient pas elles-aussi joué à ce « ping-pong » morbide pour déterminer qui devait les aider.

Des vies humaines se retrouvent ainsi à la merci de décideur·euses, de gouvernant·es qui ne leur accordent aucune valeur. Mais quand il s’agit d’accueillir des milliers d’Ukrainien·es fuyant la guerre, ces dernier·es ne se posent pas autant de questions. Il y a donc bien un tri qui est effectué entre le-la bon·ne et le-la mauvais·e migrant·e. Et ce tri, odieux, est arbitré et encouragé, entre autres, par l’extrême-droite.

Ces évènements renforcent les débats nauséabonds sur l’immigration qui se développent dans l’opinion. En faisant des migrant·es les responsables des crises sociales que nous subissons, l’extrême droite et une partie de la droite, y compris les macronistes, empêchent tout débat et toute prise de décision serein·e·s. L’objectif partagé de Le Pen, Ciotti, Darmanin est de faire oublier à la population que les migrant·es sont avant tout des gens [comme nous] qui aspirent [comme nous] à la paix, à la liberté, à une vie apaisée. Il est de notre responsabilité syndicale de poursuivre et d’amplifier l’aide aux migrant·es, d’obtenir leur régularisation et de dénoncer systématiquement ces politiques qui en font les boucs émissaires des problèmes des sociétés occidentales. Il est aussi de notre responsabilité de dénoncer sans relâche les politique, économiques autant que militaires des pays du Nord qui appauvrissent, affament et briment les populations indigènes/autochtones, contraignant beaucoup d’entre elles à fuir leur pays, espérant trouver une vie meilleure, en Europe par exemple…