Blanquer, l’école et le sanitaire.

Intervention de Blandine Turki

La journée de grève du 13 a certes été un mouvement de colère contre un Blanquer suffisant, témoignant par son aveuglement un mépris par rapport à ce que vivaient tous les personnels. Mais l’ampleur inédite de la mobilisation est le révélateur d’un vécu commun à toute la profession : cela fait deux ans que la crise sanitaire et sa gestion part le ministre conduit à un métier entravé, un métier qui ne peut plus se faire. 2 ans de déficits d’apprentissage pour les élèves du fait d’un collectif-classe abîmé par le confinement, la reprise à la carte, et depuis l’école intermittente. 2 ans d’augmentation des inégalités scolaires, 2 ans où le service public d’éducation n’a tenu qu’à un fil, qui pour certains élèves s’est rompu. C’est ça que les personnels, qui ont tenu l’école à bout de bras, vivent depuis deux ans. Et quand le ministre se satisfait une fois de trop d’une école qui n’est ouverte que sur le papier, les personnels ont hurlé leur colère.
Nous sommes fort.es de ce 13 janvier. Mais nous nous devons de porter ce qu’il a dit du métier. Car après les annonces faites au soir de la mobilisation, leur faiblesse par rapport au réel, il reste une école exsangue après deux ans de crise sanitaire et cinq années de Blanquer. Notre responsabilité est d’offrir un cadre de mobilisation à même d’imposer dans le débat public la nécessité de rompre avec la politique éducative du ministre, et d’investir dans l’éducation, pour lui permettre de traiter les conséquences scolaires de la crise sanitaire. Le discrédit du ministre, auquel nous avons œuvré, et qui nous permettra peut-être dans ce CN de prendre enfin la décision d’affirmer la nécessité de son départ, est une porte ouverte à la remise en cause de l’ensemble de sa politique, pas uniquement sur le plan sanitaire.
Néanmoins ce n’est qu’une porte, et nous ne devons pas sous-estimer le travail de conviction pour que la colère unanime de la profession soit aussi une prise de conscience, elle aussi unanime, du caractère délétère pour l’ambition de démocratisation de la réussite scolaire des années Blanquer. Il nous faut nous projeter dans un après 27/01 qui articule de nouvelles journées de grève avec le travail d’explicitation des conséquences néfastes de la politique éducative du ministre, ainsi que l’affirmation d’un contre-projet. Ces trois aspects de l’action syndicale (mobilisation, décryptage, formulation d’alternatives) doivent rythmer notre activité militante dans les semaines qui précèdent les élections présidentielles et législatives. Pour que le discrédit du ministre soit aussi celui de sa politique. Il nous faut nous engager lors de ce CN, dans un calendrier d’actions assorti d’un ultimatum au gouvernement pour que les moyens soient mis sur la table pour traiter des conséquences de la crise, soumis à la profession, mais aussi dans la prise d’initiatives (appel , colloques) faisant le procès de la politique éducative du ministre et dessinant les contours d’alternatives à même de lutter contre les inégalités scolaires.