Blandine Turki : Opposons nous à l’école de Blanquer et à ses évaluations

Nous sommes à un tournant ! Nous connaissons la politique éducative de Blanquer, basée sur l’individualisation des apprentissages, sur la mise sous tutelle de l’agir enseignant, sur les évaluations standardisées dont les élèves des milieux populaires sont les premières victimes.

En cette rentrée, insidieusement, Blanquer profite de la crise pour parfaire sa mécanique. Il impose des évaluations nationales standardisées, en tout point identiques à celles de l’an passé, faisant fi de toute la période où les élèves se sont retrouvés hors du groupe classe apprenant. Il propose sur Eduscol un protocole de priorités pour la première période, où plus rien n’ai laissé à la réflexion de l’enseignant.e. Outil proposé sous forme d’entonnoir où l’enseignant.e se retrouve enfermé.e.

Seul l’enseignement des maths et du français est priorisé, avec des exercices réducteurs . Ce choix n’est pas anodin et renforce de fait les inégalités. Le tout appuyé par un protocole de remédiation très ciblé et orienté. C’est une volonté encore plus poussée de nous déposséder de notre professionnalité, de prolétariser notre métier…un assujettissement de nos pratiques. Nous sommes face à un travail de plus en plus prescrit laissant peu de marge de manœuvre à notre liberté pédagogique. On nous dépossède de toute l’intellectualisation de nos savoirs.

Alors ce tournant, il ne faut pas le louper. Il nous faut réagir fortement afin de ne pas laisser les soit disant experts du ministère nous enlever notre pouvoir d’agir. Qui a tenu l’Ecole durant toute la période de confinement ? Qui a permis le retour des élèves dans les écoles après la période de confinement en fonction des multiples protocoles sanitaires ? Qui anticipe la rentrée dans le soucis d’accueillir au mieux les élèves, de favoriser les meilleures conditions afin que l’école n’exacerbe pas les inégalités scolaires ? Ce sont bien les équipes et elles seules.

Alors, opposons nous ! Ne nous laissons pas déposséder de notre expertise et de notre inventivité, de ce qui nous anime dans notre travail. Réagissons en rappelant que nous somme les acteurs et actrices de terrain. Entourons nous des parents d’élèves qui nous font confiance. La réflexion sur notre professionnalité est collective et c’est ce collectif qui doit faire entendre qu’il refuse de laisser son métier aux mains de prescripteurs qui tentent de nous imposer leurs bonnes pratiques. Refusons de faire passer ses évaluations, refusons les priorités de Blanquer, refusons de nous laisser déposséder de notre professionnalité.