Véronique Ponvert : situation générale et grève du 9 octobre.

Je vais aller droit au but dans cette intervention : nous avons à la FSU deux luttes à mener de front, je ne les hiérarchise pas, elles sont toutes deux d’une extrême importance. L’une, c’est la bataille pour gagner les élections professionnelles, et nous savons tous et toutes combien ce combat est essentiel pour la fédération ; l’autre, c’est la lutte contre ce gouvernement, sa politique libérale qui détruit absolument tout sur son passage à commencer par les droits et les acquis sociaux : ce combat est également vital, je ne développe pas, nous sommes d’accord sur ce sujet. Or ces deux batailles ont un point commun : elles passent par l’appel à la grève le 9 octobre !

En effet, l’appel au 9 est essentiel à la veille des élections professionnelles : cette journée sera regardée à la loupe par les médias, sera commentée, l’absence de la FSU ne manquerait pas d’être remarquée, par les agents-es, par nos collègues… Cette journée va marquer la rentrée sociale, comme un temps fort d’expression des organisations qui, comme la FSU, portent un projet alternatif de société. C’est une bataille pour défendre les droits des salarié-es, ceux que Macron, président des riches, piétine quotidiennement ; c’est une bataille pour donner corps et voix au mécontentement qui grandit parmi la population, et ils sont de plus en plus nombreux, 2/3 d’opinions défavorables quand on interroge les sondages.
Comment la FSU pourrait-elle ne pas en être ? Quel message enverrait-elle aux agent-es à la veille des élections pro ? Car le fait de ne pas appeler à la grève le 9 est en soi un message, mais ce message n’est pas facile à interpréter, il n’est pas très lisible, il peut donner lieu à de mauvaises traductions : en tout cas, on ne peut pas dire qu’un tel positionnement serait très mobilisateur pour nos collègues futurs électeurs.

Quant à l’autre bataille, pas la peine de dire ici à quel point réussir le 9 est essentiel pour construire le rapport de forces contre ce gouvernement ; or, un appel à la grève de la FSU ajoute clairement des atouts pour faire de cette mobilisation une réussite…Et on y a tout intérêt…
Alors, évidemment, nous savons tous et toutes que toutes les conditions ne sont pas totalement satisfaisantes autour de cette journée du 9 : encore une fois, la date a été décidée sans nous, et FO et la CGT nous l’ont imposée..Une nouvelle fois, il n’y a pas, pour l’instant, de perspectives après le 9, et c’est aussi une faiblesse objective à une telle initiative… Et puis ? Que faut-il faire dans une telle situation ? Non, le monde syndical n’est pas tel qu’on le rêverait, c’est un fait. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas prendre part à la mobilisation…
Nous connaissons les limites de cette journée, nous savons aussi qu’il n’est pas facile de mobiliser, on ne se raconte pas d’histoire entre nous.
Mais pensons-nous qu’il est possible de ne pas réagir quand on se prend coup sur coup, un jour les coups bas d’AP 22 et le projet du gouvernement de liquider des pans entiers de notre modèle social, le lendemain les 1800 suppressions de postes dans l’éduc et l’allongement programmé de notre temps de travail, et le surlendemain, ce sera quoi ? les retraites ? Est-il possible, compte tenu de la violence libérale à l’œuvre, que la FSU « s’inscrive » dans le 9, de loin…Pensons-nous sincèrement qu’une position très tiède de la fédération, sans appel à la grève, sera entendue par les collègues ?

A l’EE, nous ne le pensons pas…Mais nous pensons au contraire que la balle est dans notre camp : si la fédération s’engage vraiment et appelle à la grève, elle provoque un élan, un effet d’entraînement propre à mobiliser les collègues ; si elle s’engage vraiment, elle peut construire sa plateforme, et porter haut et fort ses revendications pour la FP ; si elle s’engage, elle prend toute sa place aux côtés des orgas de transformation sociale, elle peut donc penser le coup d’après, travailler à bâtir un plan d’action élaboré collectivement avec la CGT, et Solidaires et toutes les organisations syndicales qui le veulent.

Nous militons pour une fédération combative, pour qu’elle apparaisse à la veille des élections professionnelles du côté des opposants résolus à la politiques d’E. Macron et de son gouvernement, une fédération force de propositions et qui se donne les moyens d’être entendue, car c’est à ce titre qu’elle gagnera des voix, et c’est ainsi, nous le pensons, que nous gagnerons les batailles politiques à venir, et notamment la question des retraites.