- Intervention de Sophie Abraham au conseil national du SNUIPP-FSU de janvier 2023
Selon Olivier Dussopt, un des objectifs de la réforme des retraites serait « d’améliorer notre système parce qu’il est injuste ». Justification, peu crédible, qui se heurte à diverses réalités comme les inégalités femmes-hommes.
Actuellement, le montant des pensions de droit direct des femmes reste inférieur de 40 % à celui des hommes. Il s’explique en partie par les carrières hachées et incomplètes des femmes et des écarts de salaires d’environ 22 %.
Pour rassurer, E. Borne promet la prise en compte du congé parental et le maintien de l’âge d’annulation de la décote à 67 ans. Décote qui explique en grande partie les écarts de pension entre les femmes et les hommes ! Avec la double charge que les femmes endossent au travail et à la maison, l’occultation de la pénibilité des métiers féminisés, travailler jusqu’à 67 ans est inenvisageable pour la grande majorité d’entre elles. Rien d’étonnant à ce qu’elles soient plus nombreuses que les hommes à souhaiter un retour à la retraite à 60 ans (75% contre 61%) et que leur soutien à un mouvement social soit plus marqué *.
Alors que la stagnation des salaires et l’inflation galopante grèvent un peu plus chaque jour leur revenu, alors que le taux de pauvreté est plus élevé chez les femmes retraitées que chez les hommes (10,4 % contre 8,5%), les femmes vont être à nouveau les grandes perdantes. En particulier les plus précaires, qui subissent le temps partiel, qui touchent les plus bas salaires, qui bénéficieront peu du relèvement du minimum de pension à 1 200 euros par mois, réservé aux carrières complètes.
Nous devons dénoncer le mensonge cynique que cette réforme serait plus juste pour les femmes. En construisant des outils, des argumentaires ciblés vers nos collègues femmes, en prévoyant une communication spécifique à destination des AESH qui seront encore plus impactées. En rappelant que la réduction des inégalités salariales générerait 5,5 milliards de recettes supplémentaires pour financer les retraites !
La visibilité de cette injustice passe aussi par un investissement lors des mobilisations : cortèges de femmes, prises de parole, tracts spécifiques, animation des manifestations par des chants, des slogans mais aussi des chorégraphies comme celle des Rosies car les femmes sont indéniablement une force motrice dans les luttes actuelles.
Ainsi la grève féministe du 8 mars s’inscrit pleinement dans le calendrier des mobilisations en cours et nous avons toutes les raisons de nous engager activement et dès à présent dans sa construction !
* (sondage Ifop pour Politis)