“La situation d’urgence oblige, sans que cela soit contradictoire avec l’indépendance et l’autonomie syndicale qui ne veut pas dire neutralité”. Voilà ce que la FSU-SNUipp écrivait en juin 2024 en appelant à faire gagner le NFP.
Cette position s’inscrit totalement dans la charte d’Amiens. Cette dernière définit l’action syndicale comme “la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat” et “l’émancipation intégrale par l’expropriation capitaliste”. Elle affirme clairement que le syndicalisme a une action politique à mener sans dépendance aucune des partis mais en ne s’interdisant aucun travail, aucun front commun. C’est d’ailleurs ce que nous faisons déjà. Localement, quand nous nous battons contre l’école privée ou pour des moyens lors des cartes scolaires : nous faisons des fronts avec les partis. Et plus largement, sur les questions féministes, de solidarité internationale ou lors des marées humaines contre Macron et son monde. La charte d’Amiens et l’indépendance syndicale sont donc respectées.
L’arrivée possible, voire probable, de l’extrême-droite au pouvoir oblige le syndicalisme, et particulièrement celui de lutte et de transformation sociale, à revisiter urgemment et concrètement son rapport au politique. Alors, comme l’écrit PD, président de l’institut de recherche de la FSU, pour justifier l’action commune avec les partis: “Ne prétextons pas la charte d’Amiens pour renoncer à s’engager pour la transformation sociale”.
En 1936, avant les législatives qui porteront le Front Populaire au pouvoir, la même urgence avait amené les organisations syndicales dont nous sommes les héritières à écrire ceci : le syndicalisme «se réserve également le droit de prendre l’initiative de ces collaborations momentanées, estimant que sa neutralité à l’égard des partis politiques ne saurait impliquer son indifférence à l’égard des dangers qui menaceraient les libertés publiques, comme des réformes en vigueur ou à conquérir». L’exemple de 1936 est parlant : il n’y a pas de victoires sociales massives sans unité large et perspectives politiques. Un front syndical et populaire est une perspective à la fois volontariste et totalement indispensable au vu du contexte… Ouvrons des espaces communs, réfutant les écueils de la défiance, de la subordination et de l’inféodation, assumons dialogues et actions communes. Au vu des dangers, pour défendre notre projet pour la société et pour l’école : osons prendre nos responsabilités.