- intervention de l’école émancipée au CDFN de janvier 2024, faite par Julien Rivoire –
16 Avril 2022 à Marseille lors de l’entre-deux tours, E. Macron déclarait « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ». Au vu des derniers arbitrages, il semble qu’elle ne sera pas…
La loi énergie qui devrait être discutée dans les prochaines semaines est à ce titre particulièrement inquiétante. Elle se caractérise par la disparition des objectifs chiffrées de baisse d’émission de Gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables, et elle se focalise sur le développement du nucléaire à partir de 2035. C’est une aberration écologique. Respecter l’accord de Paris, c’est diminuer les émissions de GES en France de 80 % d’ici 2035. Or, aucun réacteur nucléaire ne sera en activité d’ici là. Cette focalisation sur le nucléaire comme réponse au dérèglement climatique posent donc plusieurs problèmes :
1/ Premièrement, la priorité doit être d’agir maintenant pour réduire notre consommation énergétique, ce qui implique d’engager des financements massifs pour améliorer l’efficacité énergétique (notamment isoler massivement le bâti des logements et des services publics) et de développer les énergies renouvelables.
2/ 2ième problème est liée à la logique globale induite, qui ne prend pas en compte les enjeux systémiques et les limites de la biosphère. Dans la logique productiviste de Macron on ne change rien si ce n’est de basculer de l’énergie fossile vers l’électricité. Une électrification de nos usages actuels c’est accélérer notre empreinte globale sur les ressources, minières et en eau lors des processus de fabrication … bref, ce n’est pas viable.
3/ enfin, miser sur le nucléaire c’est s’interdire une indépendance énergétique, puisque la France est dépendante des pays fournisseurs d’uranium comme la Russie actuellement.
On connait l’adage, « gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte ». Mais la fuite en avant de Macron ne signe pas seulement sa perte, elle nous envoie dans le mur des dérèglements environnementaux.
Sur ce sujet comme sur d’autres, ce pouvoir surfe sur le terrain des droites en opposant écologie et social, en glorifiant un passé qui serait glorieux. L’approfondissement des inégalités, les difficultés à boucler les fins de mois, alors que les prix de l’énergie augmentent est un terreau fertile pour ces discours. Avec nos alliés nous devons opposer dans le débat public la nécessité de redistribuer massivement les richesses pour assurer les moyens de vivre et des investissements publics pour réduire notre empreinte écologique. Le débat sur la loi énergie peut être l’occasion d’une expression de l’AES.
De même, la mobilisation actuelle des agriculteurs est l’occasion pour ce gouvernement et la FNSEA de renforcer cette opposition, en mettent l’accent sur les normes environnementales pour mieux se dédouaner de leur propre responsabilité, ainsi que de celles de l’agro-industrie et des traités de libre-échange dans la situation sociale dramatique de la majorité des paysans. Sur cette question nous avons la responsabilité de mettre en valeur d’autres discours que ceux du pouvoir et de la FNSEA, en valorisant par exemple les propositions de la confédération paysanne. Sur ce sujet, une réaction très rapide de l’AES serait utile.