Il n’est pas question, pour le SNES, de soigner son image, de faire un affichage, de chercher, par ce biais, des voix aux élections professionnelles … Il est question simplement de ne pas nier l’évidence : les femmes, aujourd’hui, sont victimes de discriminations – à l’embauche, au niveau des salaires, dans les postes à responsabilités,…
Le SNES est un syndicat qui se dit « de transformation sociale », il est donc de sa responsabilité de prendre à bras le corps des problèmes de société, et de les faire, dans son champ d’intervention, évoluer et progresser.
Dire que la parité conduira à s’interroger sur les compétences des femmes ayant des responsabilités, c’est supposer, qu’aujourd’hui les femmes qui n’en ont pas sont incompétentes. Comment imaginer que la masse des syndiquées serait constituée de « potiches » ?
Aujourd’hui, chacun-e conviendra qu’il est plus difficile à une femme de militer – et ce n’est pas une question de compétences, mais de disponibilité ! Les tâches familiales incombent, -encore !- en grande part aux femmes, et même si le compagnon partage le travail quotidien, il leur reste toujours la culpabilité – manque de présence, de disponibilité vis-à-vis des enfants- qui échappe aux hommes.
Il est plus difficile aussi à une femme de prendre la parole, de se mettre en avant, de briguer des postes à responsabilité ; là encore, il ne s’agit pas d’incompétence, mais simplement d’habitude et d’usage sociaux, de représentations…
Il y a moins de femmes que d’hommes, dans notre pays, à la tête de partis politiques, PDG de grandes entreprises, en charge de postes en responsabilités en tout genre : est-ce donc à dire qu’il y a moins de femmes compétentes que d’hommes ? Acceptons-nous de nous soumettre à cette réalité-là ?
Si le SNES pense qu’il est nécessaire et juste de faire toute leur place aux femmes dans le syndicat, il doit s’en donner les moyens, afin de surmonter toutes les difficultés inhérentes à leur condition, et il doit accepter de se doter de mesures un tant soit peu contraignantes en terme de parité.
Et il n’est ici pas question de « quota » mais d’égalité : la parité femmes-hommes constitue l’application d’un principe ( exigence d’une représentation égalitaire des deux genres ) et non l’application d’un pourcentage. Sans volontarisme sur le sujet, la situation n’évoluera pas, et on acceptera comme « naturelle » la moindre représentation des femmes dans un syndicat dont la profession est majoritairement féminine. Et « naturel » aussi que le pouvoir et la décision restent masculins…
Ni image, ni affichage pour la parité : des actes, qui dépassent les discours, et simplement, qui permettent aux femmes de militer !
Véronique PONVERT, Ecole émancipée