Université des mouvements sociaux : construire l’unité de notre camp social

SYNDICALISME

  • p. 29 du numéro 103 de la revue de l’Ecole Emancipée ■ Par Antoine Chauvel

Du mercredi 23 août au dimanche 27 août s’est tenue l’Université d’été des mouvements sociaux et des solidarités (UEMSS) à Bobigny (93).

Ayant vocation à former les participant·es aux thématiques qui traversent l’altermondialisme, mais aussi de permettre l’échange nécessaire à la fondation des convergences, l’UEMSS a réuni 2 000 participant·es autour de plus de 150 activités (ateliers, modules, plénières…).

C’est donc autour des questions d’écologie, de justice sociale, de démocratie, de lutte contre les discriminations et d’internationalisme que les discussions ont eu lieu. Et tout ceci s’articulant, se débattant entre personnes venues d’horizons, d’organisations et d’histoires diverses. Une saine, mais surtout nécessaire confrontation de points de vue.

Cette UEMSS s’est tenue quelques semaines après la mobilisation – par bien des aspects inédite – contre la réforme des retraites, face à l’autoritarisme du pouvoir. Et au cœur d’un été toujours plus marqué par la catastrophe climatique. Mais aussi après l’assassinat de Nahel et les révoltes légitimes qu’il a suscitées, remettant en accusation les violences policières et le racisme systémique. Sur le campus de Bobigny, en pleine Seine-Saint-Denis, au milieu et avec les populations ségréguées à tous niveaux et souvent stigmatisées, le large appel à la mobilisation du 23 septembre prend encore plus de sens.

Des objectifs politiques atteints

Car les territoires ont pu parler. Une place particulière a été faite aux quartiers populaires, aux associations et comités locaux mobilisés sur des problématiques locales, mais à écho national (violences policières, logement, précarité, discriminations mais aussi Jeux olympiques). Cet objectif politique, fixé par le comité de pilotage, a été en partie atteint : une coconstruction, encore plus par le bas, est toujours possible et de ce point de vue, le verre est malgré tout plus qu’à moitié plein.

Cette question de la territorialisation des luttes et de leur mise en réseau a pris tout son sens avec l’accueil de la Marche de l’eau et l’Assemblée générale des Soulèvements de la Terre. Des bassines de Sainte-Soline à la mise en lumière de questions complètement similaires en Amérique latine, du local à l’international, les UEMSS sont un lieu de compréhension, par la pratique, de la nécessité de la globalisation des résistances. ll en est de même sur les luttes féministes, contre les discriminations ou les dangers des extrêmes droites.

Et cet objectif est lui particulièrement rempli à tous les niveaux : comprendre les oppressions, y compris au sein même de l’UEMSS (un groupe de vigilance formé à ces questions était en place), mettre en dialogue les acteurs·trices de différents territoires, passer au-delà des problématiques nationales ou d’âge… L’UEMSS est bien un espace où se crée du commun qui, a minima, sert à apprendre à se comprendre.

La place du syndicalisme 

Cette année, comme les précédentes, des organisations syndicales étaient présentes. En ce qui concerne la FSU, sa présence au comité de pilotage, dans les tâches concrètes d’organisation comme de proposition d’ateliers, a été remarquée. La présence du secrétariat général, avec Solidaires et la CGT, lors de discussions sur le bilan de la mobilisation retraites et la question démocratique, aussi.

Car ce qui ressort, c’est bien qu’il n’y a plus d’un côté des questions de société où interviennent les associations et le « social » réservé aux organisations syndicales. Les questions de droits, d’écologie, de discriminations structurent la société. Il est notable que les syndicats s’en saisissent de plus en plus avec les concerné·es. Cette démarche, qui structure aussi l’appel aux marches du 23 septembre, est à poursuivre et renforcer : l’unité de notre camp social dans sa diversité est un impératif dans la période. L’UEMSS est un des leviers où ces liens se créent. Construire et continuer à investir ces espaces s’impose. ■