Damien Besnard (BN, Créteil)
Nous souhaiterions revenir sur l’analyse du contexte économique et social présentée dans le texte action car il nous semble que celle-ci marque une inflexion qui ne reflète pas tout à fait la communication que le SNES et la FSU ont pu avoir dans la période écoulée. En effet, il nous semble que nous ne pouvons pas reprendre ainsi à notre compte un lexique qui a été celui du gouvernement et du camp réactionnaire, alors même que nous appelons sans ambiguïté aux marches du 23/09 : parler « d’émeutes » ou d’émeutiers n’a pas la même signification politique et la même portée sociale que de parler de « révolte » ; qualifier le contexte de la mort de Nahel comme étant le probable résultat d’un « refus d’obtempérer » peut cautionner en partie la défense des policiers alors que ces derniers ont tout de même braqué à bout portant un mineur désarmé. De plus, le texte ne revient pas non plus sur l’épisode gravissime d’appel à la sédition des syndicats de police, soutenus par une partie de leur hiérarchie et par Darmanin. Comme nous l’écrivons dans notre texte, les velléités du haut commandement de l’Institution policière de créer un statut de justiciable d’exception pour les policier·es et la critique publique de l’institution judiciaire constituent une menace pour la démocratie. Une réflexion sur la place de l’institution policière dans la société doit être élaborée en interrogeant a minima l’armement et le contrôle des agent·es. Tout cela doit apparaître dans le texte issu de ce CN.
Au-delà de ces aspects, il nous semble que le texte ne met pas assez en perspective ces événements avec leur instrumentalisation politique faite par la Macronie, en particulier dans le contexte de rentrée. Ainsi pour nous, la polémique ouverte sur le port de l’abaya n’est pas seulement faite pour créer un écran de fumée devant les véritables problèmes de la rentrée, comme indiqué dans le texte proposé. C’est tout autant une manœuvre politique qui instrumentalise la laïcité en stigmatisant les musulman·es et les habitant·es des banlieues. C’est un piège politique dans une énième tentative de triangulation au profit de l’extrême-centre qu’il incarne, une étape qui entretient la polémique avant le prochain sujet du projet de loi sur l’immigration. Ce faisant, nous assistons une fois de plus à une normalisation d’un discours raciste et autoritaire de l’extrême droite, qui est aussi une occasion de diviser la gauche… Cela doit apparaître explicitement dans le texte issu de ce CN.
Cette note de service a des lacunes et rend difficile la caractérisation des tenues des jeunes filles (kimono, robe, pantalon large…) et peut rendre les décisions prises tout particulièrement discriminatoires vis-à-vis des jeunes femmes supposées de confession musulmane. Comme, le gouvernement envisage favorablement le port de l’uniforme, il pourrait alors arguer de la difficulté d’application de la circulaire pour en étendre l’expérimentation.
Encore une fois, on assiste bien à une volonté réactionnaire et patriarcale de contrôle du corps des femmes… Il faudrait a minima que le texte du CN précise la dimension politique de la mesure. Le SNES peut s’appuyer sur ses mandats pour porter en direction des collègues et de l’opinion publique trois idées fortes : la mixité sociale et scolaire est mise à mal par la politique éducative gouvernementale qui vise la séparation la plus précoce possible des parcours et favorise l’enseignement privé. Aborder la laïcité sous l’angle des « atteintes » en fait un instrument de division de la société. Le SNES-FSU doit condamner cette instrumentalisation de la laïcité à des fins sécuritaires, de limitation de l’exercice des libertés publiques et de stigmatisation de certaines catégories de la population