Par Mary David
A la fin du quinquennat Macron, il est maintenant clair queses ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur se sont montrés incapables :
leur gestion de la crise sanitaire a été calamiteuse.
L’objectif prioritaire de garder « l’école ouverte », s’est finalement limité à veiller à ce que les portes soient bien ouvertes. Même pas les fenêtres. Les moyens nécessaires pour traiter les conséquences pédagogiques de cette crise sont absents.
De son côté, la ministre Vidal est toujours aux abonnés absents. Elle est devenue la risée du monde universitaire, mais, dans les queues pour les distributions alimentaires, les étudiant-es, rient jaune.
La politique en faveur de la privatisation s’est poursuivie,
avec le soutien de Blanquer à des officines privées, qui font concurrence à l’école publique dans les quartiers pauvres, ou qui proposent une formation privée des enseignant-es. La scolarisation à trois ans a été un cadeau au privée. Le ministère promeut le développement des écoles de production en opposition au système scolaire. L’apprentissage est défendu comme alternative à la voie scolaire. En bref, c’est une pauvre formation pour les pauvres !
La promotion de l’« autonomie » en éducation est un vieux cheval de bataille de la droite et du néolibéralisme, implantée dans les universités il y a plus de 10 ans et poursuivie dans le supérieur à grand coup de restructurations et de création d’établissements qui dérogent au Code de l’éducation. Cette fausse autonomie crée des inégalités territoriales. L’autonomie va avec la contractualisation, comme dans l’éducation prioritaire, qui fait passer d’une obligation de moyens alloués par l’État à une obligation de résultats des écoles et établissements.
La fausse autonomie se traduit aussi dans la nouvelle saison du bac Blanquer, dont la valeur nationale est fortement mise en cause.
Le corollaire de l’autonomie néolibérale, c’est le contrôle qui s’est renforcé depuis 5 ans, avec les guides de bonnes pratiques, les nouvelles maquettes de la formation des enseignant-es. Le contrôle s’accompagne d’une volonté de normalisation des pratiques, par exemple dans les projets locaux d’évaluation au lycée.
C’est aussi le renforcement de l’évaluation et de la quantification le fétichisme de la mesure et de la quantification s’est traduite cet hiver par le maintien à tout prix des évaluations dans le premier degré.
L’évaluation à finalité pédagogique est dévoyée au profit des certifications, comme, au collège, au lycée et à l’université, les certifications numériques ou en langues. Ces certifications, privatisées dans le supérieur, sont très inégalitaires, surtout quand les élèves préparent seul-es comme pour PIX.
Et on voit à quel point le contrôle continu au lycée génère du stress et de la souffrance pour les professeur.es et élèves.
Le résultat, c’est l’individualisation et l’exacerbation du caractère inégalitaire de notre système scolaire, accentuant la tendance des 20 dernières années. Chacun-e est responsable de son parcours et de sa réussite ou son échec, alors même que, dans le supérieur, c’est le manque criant de places qui laisse sur le carreau de nombreuses et nombreux jeunes.
L’individualisation touche aussi les personnels, comme dans le supérieur avec la mise en place de la LPR, qui porte une individualisation des rémunérations, génératrice de concurrence et d’inégalités de traitement.
C’est enfin l’appauvrissement et le dévoiement idéologique un appauvrissement monétaire. Le « quoiqu’il en coûte » s’est arrêté aux portes de l’école et les opérations de cartes scolaires en cours ainsi que les DHG annoncent une rentrée insuffisamment financée, comme dans le supérieur.
C’est aussi un appauvrissement des contenus, aggravé par les programmes scolaires du quinquennat, qui promeut les « valeurs » contre les savoirs et déconnecte les apprentissages des disciplines : le sport contre l’eps, l’école du socle contre les disciplines en éducation prioritaire, etc.
Cet appauvrissement passe par la mise en cause des libertés académiques des universitaires.
L’école dans la campagne présidentielle
Face à cette école fragilisée et appauvrie, les discours dans la campagne présidentielle, du centre droit à l’extrême-droite, sont plus qu’inquiétants.
Ils se situent dans la ligne politique portée par Blanquer : poursuite du resserrement sur les fondamentaux, remise en cause du collège unique, bivalence des enseignant-es de collège, suppression du CAPES et du statut de fonctionnaires.
Fondée sur un passé mythifié et fantasmé de l’école, ces discours dessinent en fait une école de la ségrégation sociale.
Cette éducation Blanquer-Vidal, ces orientations électorales défendues par les candidats de Macron à Zemmour, nous n’en voulons toujours pas et nous devons le dire avec force !