par Sébastien Fournier
Dans ce moment de crise sociale et politique un peu paroxystique où les gouvernements tombent, où le pouvoir bredouille sa démocratie, où l’Histoire balbutie, le syndicalisme de transformation sociale reste debout.
Dans ce congrès, pour la première fois, nous avons débattu longuement de comment décliner concrètement une vieille idée, celle du rapprochement des organisations syndicales de transformation sociale.
Nous l’avons appelé « Maison Commune ». Mais nous l’avons vu, passer d’un projet désirable à la réalité, ne va pas de soi. C’est à ce moment que les vraies questions apparaissent. Les difficultés aussi. Nous l’avons entendu. Sur le chemin qu’ouvre ce congrès, il nous faudra tout le temps le garder en tête, respecter les rythmes et le champ des possibles de chacun, conserver l’unité de notre organisation.
Mais ce choix affirmé de s’adresser aux organisations de transformation sociale et à l’ensemble du salariat de construire ensemble une maison commune est un événement, une inflexion de l’Histoire. Pour la première fois depuis 1934, nous opposons à la perspective de division du mouvement ouvrier celle d’un rassemblement, celle d’une unité durable et structurée.
L’heure est venue d’en dessiner les plans et de prendre la truelle. Il n’y aura pas de maison commune sans que les syndicats nationaux sans que les sections départementales, sans que nos militant.es ne s’emparent concrètement de ce projet. Pas de maison commune non plus sans une feuille de route et une impulsion nationale qu’il nous faudra vite dessiner et rendre audible à une échelle de masse.
Construire des cadres d’échanges pérennes pour mener des campagnes communes, des stages communs, préparer des instances, ou engager des mobilisations. Publier ensemble ce qui fait commun. La liste est longue de ce que nous pouvons engager pour être utile, avec cette maison commune, au salariat.
Construire et agir ensemble aussi pour créer les conditions d’une dynamique qui permette de s’adresser aux travailleuses et travailleurs précaires ou à celles et ceux, comme c’est le cas pour la moitié du salariat qui n’ont pas d’organisation syndicale sur leur lieu de travail.
Construire et refonder notre syndicalisme, c’est-à-dire faire sa place aux luttes et au renouveau des mouvements sociaux écologistes, féministes, antiracistes. Et oui mettre en débat les questions de fonctionnement démocratique, en faisant de ce qu’est la FSU aujourd’hui une contribution au débat dont nous sommes fiers. Parce que faire émerger le syndicalisme du XXIème siècle exige de tourner le dos aux pratiques verticales autoritaires ou clientélistes.
Pour toutes ces raisons, et en ayant bien à cœur de respecter les rythmes de chacun dans ce projet, l’École Émancipée se félicite que notre congrès porte cet appel à cette maison commune. Elle demande que pour marquer l’importance de cette question, le paragraphe la concernant soit mis en exergue et conclut le texte action comme un appel clair, le début d’une dynamique.