Au lycée non plus, ne trions pas nos élèves !

par Olivier Thiébaut

« Nous ne trierons pas nos élèves ». C’est pour ce slogan que nous avons lutté contre le choc des savoirs l’année dernière.

La FSU porte une scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, nous croyons à l’éducabilité de toute la jeunesse.

Oui, le travail des collègues au sein des voies technologique et professionnelle est remarquable. Surtout, il est nécessaire pour construire la culture commune et en ce sens une 2nde la plus commune possible est un mandat intéressant.

Mais la structuration en voie ne revient pas à défendre ce travail. Il l’invisibilise. Pourquoi le réserver à un système qui aujourd’hui hiérarchise et trie ?

La part des enfants d’enseignant.es dans la voie générale est 6 fois plus importante que dans les formations professionnelles.

58% des élèves des lycées professionnels sont des garçons mais 88% des élèves de formations professionnelles sanitaires et sociales sont des filles.

La hiérarchisation des voies n’est voulue par personne ici mais elle est un fait reconnu y compris par l’IG dans un rapport (par ailleurs inquiétant sur de nombreux points) récent :

« La classe de seconde (…) souffre d’un cloisonnement scolaire et d’une hiérarchisation implicite entre niveaux, voies et disciplines. » ([La classe de seconde : étape clé pour l’élève de lycée]{.underline}, rapport IGÉSR 23-24-002C, publié le 03/02/2025)

Ce constat nous le connaissons et toutes et tous nous voulons lutter contre. Les passerelles rétablies seraient une 1ère étape mais cela ne suffira pas.

Poser dans notre paysage réflexif une unification du lycée, ce n’est pas rejeter le travail de chacun.

C’est refuser la hiérarchisation des voies.

C’est lutter contre l’autocensure.

C’est rejeter la volonté du patronat de contrôler la formation professionnelle.

C’est rejeter le tri précoce.

C’est lutter contre la reproduction des inégalités sociales, raciales et de genre qui enferment dans un parcours défini.

Alors, n’hésitons plus et en lycée non plus, « nous ne trierons pas nos élèves » !