par Benoît Ode
La culture est prise comme cible dans le combat idéologique que mènent les droites contre ce qui reste des luttes émancipatrices et des conquis sociaux.
Sous tous les régimes autoritaires, la culture est considérée soit comme une variable d’ajustement, soit comme un facteur de subversion. Tour à tour délaissée, vidée de son sens, utilisée comme instrument de propagande, elle fait en même temps l’objet d’une méfiance, d’une surveillance et d’interdictions qui frappent ses acteurs et ses manifestations.
Les deux présidences d’Emmanuel Macron s’inscrivent pleinement dans ce schéma.
Le SNU était le seul projet macroniste visible pour la jeunesse. Le Pass Culture était projet phare de la Macronie pour la culture. Si le SNAC-FSU avait largement critiqué cet outil au départ, la mise en place de la part collective en faisait un outil efficient pour l’éducation artistique et culturelle. Mais l’annonce de la suppression de la moitié de son budget en cours d’année est une catastrophe pour les artistes, pour les lieux culturels et pour les jeunes.
Le choix de conserver Rachida Dati comme ministre de la culture, une personnalité fortement marquée politiquement et très préoccupée par ses ambitions personnelles et les apparences, confirme le désintérêt de Macron pour la politique culturelle.
Celui qui s’affichait comme un homme de culture ne la conçoit qu’en termes d’influence, d’image de marque, ou carrément de marketing : ratage coûteux du musée de l’Elysée, récupération de la restauration de Notre-Dame au mépris des exigences scientifiques et patrimoniales, utilisation de la culture comme vulgaire monnaie d’échange en vue de fructueux bénéfices économiques dans les pays du Golfe, telle la vente de la marque Louvre…
Après avoir appauvri les collectivités territoriales et les associations, le pouvoir macroniste a poursuivi les politiques des gouvernements précédents en se défaussant sur elles toujours plus notamment dans le domaine culturel.
Et dans le contexte de crise politique, budgétaire et institutionnelle que nous traversons la Culture se retrouve aujourd’hui au cœur de l’actualité. Un certain nombre de collectivités ont choisi de jouer la surenchère dans la soumission et la mise au pas de la culture pour répondre notamment à leur propre agenda politique.
La présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais s’est récemment illustré par des coupes drastiques et dramatiques pour la culture. Elle déclarait sur les réseaux sociaux : « La culture serait donc un monopole intouchable ? Le monopole d’associations très politisées, qui vivent d’argent public… Quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public… ? »
Mais la question du service public de la culture est là directement posée, tout comme en Auvergne Rhône-Alpes où Wauquier donne à son tour dans le roman national à la manière Puy-du-Fou. On est bien loin de la définition de la culture par Jean Vilar. Il comparait alors le théâtre à une « nourriture, aussi indispensable à la vie que le pain et le vin, .. donc, au premier chef, un service public, tout comme le gaz, l’eau, l’électricité,… à faire partager au plus grand nombre, …et non plus à réserver à une élite… »
Aux alibis économiques ponctionnant les subventions à usage culturel s’ajoutent désormais, et de plus en plus souvent, les actes directs de censure. Groupes identitaires, intégristes et néo-fascistes font pression pour faire interdire des représentations culturelles, soutenus de fait par des préfectures qui se retranchent derrière les « risques de troubles à l’ordre public ». Trop fréquemment, les acteurs eux-même finissent par s’auto-censurer et annuler leur prestation.
Devant une cette situation inédite, au moment où la parole anti-démocratique de l’extrême droite est totalement banalisée et relayée quotidiennement par les médias, tant privés que publics, les acteurs de la culture, quelle que soit leur situation ou le domaine où ils exercent, se mobilisent. Le SNAC, la FSU Culture, engagé pour le service public de la culture, persuadé que l’obscurantisme se combat par l’éducation et la culture, sera pleinement aux côtés de ces mobilisations.