Crise du syndicalisme, crise du SNES, la question doit être à l’ordre du jour…

Le syndicalisme, c’est devenu une tarte à la crème, est en crise. Une crise profonde. Qui porte sur ses fondations. Il faudrait refonder le syndicalisme au niveau de ses valeurs, de ses finalités. Partageons-nous encore le but de construire une société socialiste, sans classes tel qu’il est affirmé dans la Charte d’Amiens ?
Ce contexte pèse autant sur la FSU – ce fut une de ses interrogations à son dernier congrès de Marseille, même si la question n’a pas réellement trouvé ne serait-ce qu’un début de réponse – que sur notre syndicat, le SNES. Avec une amplitude d’autant plus importante que nous sommes entrés dans une restructuration, une métamorphose même de l’Ecole et de ses valeurs. L’Ecole fut, en France, l’instrument essentiel de l’assimilation, avec le mouvement ouvrier justement, des populations comme de la diffusion d’une culture commune. L’éducation était conçue, malgré tout, malgré une école sélective, comme un instrument de libération. La Laïcité en était la valeur de base, partagée par tous et toutes. Sous les coups de butoir du libéralisme économique, l’Ecole a perdu cette capacité. Elle réfracte, de plus, la crise de société, la crise culturelle profonde secouant nos sociétés. Le monde de l’Education Nationale a changé… Le SNES, en particulier, n’est plus le représentant « évident » du second degré. Non seulement du fait de la division syndicale, mais surtout d’un éclatement profond du milieu, éclatement en termes de trajectoires mais surtout de valeurs. Les valeurs de laïcité ne sont plus partagées. Le libéralisme s’inscrit aussi dans les comportements.
L’appartenance au syndicat a perdu sa dimension de défense des intérêts collectifs. De ce fait, le rôle du syndicat se doit d’évoluer. Il est impossible désormais de répondre à toutes les sollicitations du milieu. Nous devons faire une analyse des attaques, des réponses nécessaires pour la proposer à notre champ de syndicalisation et au-delà. Elles ne seront pas forcément acceptées. Il faudra faire une campagne d’explication. Mais le syndicat, le SNES, ne peut pas évoluer en zig-zag au gré des sondages ou des réactions de certains des personnels. Il faut intégrer cette nouvelle dimension.
Ce rôle suppose aussi une image ouverte. D’un SNES pluriel, capable de débattre tout autant d’intégrer dans son action les minoritaires. Dans le même temps, il faut accepter les règles du libre débat démocratique en refusant de s’enfermer dans des réunions de tendances ou courant de pensées stériles alors que le débat de l’ensemble du syndicat est nécessaire. Il faut accepter aussi que le droit de tendance ne se limite pas aux seules tendances « historiques » mais puisent s’élargir à tous les regroupements pour défendre une question, une vision du syndicalisme. Il faut donner de l’oxygène à la démocratie interne pour être à même de répondre à des contextes difficiles où nous ne sommes pas surs d’avoir les bonnes réponses.
Une image aussi d’un SNES capable de défendre toutes les catégories qu’il syndique pour œuvrer à une mobilisation d’ensemble seule à même de pouvoir convaincre les personnels à s’engager.
Face à ces crises, le SNES devrait, au risque de disparaître, au moins se poser ces questions. Au lieu de jouer la politique de l’autruche bien connue pour aller tête baissée vers le danger. D’autant que la précarité galopante, les départs massifs à la retraite nous obligeront à nous poser la question de la forme et du fond de notre syndicalisme. Mieux vaut le faire les yeux ouverts que largement fermés…
Nicolas BENIES.