Sophie Zafari
Depuis les années 2000, c’est une succession ininterrompue de passions tristes avec la falsification, le dévoiement, la dénaturation de la laïcité, charriant son lot de xénophobie, de racisme, d’islamophobie. Nous avons été quelques un·es à résister à cette monstrueuse surenchère pressentant où nous mènerait cette dérive.
Ces derniers temps rien ne nous aura été épargné : toujours cette surenchère dans l’affichage d’une laïcité en péril, menacée, notamment dans « les territoires perdus de la République » – ce syntagme à forte connotation raciste qui cible les quartiers populaires ;
Même au plus haut sommet de l’État, on assiste à une forme de panique morale, un processus de défense et de désignations de l’ennemi. Et la laïcité perd son sens à force d’instrumentalisations .
Il nous faut dénoncer l’ imposture de ces « prétendus défenseurs de la laïcité qui en réalité soutiennent l’enseignement privé, la pérennisation du dualisme scolaire, s’accommodent de nombre de dispositifs anti-laïques, voire les promeuvent.
Toute cette dérive s’inscrit dans la continuité des lois qui, depuis les années 2000 (chaque année ou presque a connu sa Loi) bouleversent l’ordre initial de la laïcité et ont pour effet de réduire la sphère d’expression de la liberté religieuse et, au-delà, celle des libertés publiques de toutes et tous.
Ce gouvernement en a rajouté et beaucoup : avec la loi confortant les principes républicains ou encore avec la mise en cause et la dissolution de l’Observatoire de la laïcité.
Il cherche à conforter les peurs sociales, en y ajoutant le venin de la suspicion, flirter sur les terres de l’extrême droite.
Comme le dit N. Cadène, rapporteur de feu l’observatoire de la laïcité : ils ne font que céder à l’analyse simpliste faisant croire que tout interdire en matière de laïcité résoudra les problèmes… ils ne font que demander des lois d’émotion et polariser le débat dans une volonté de prophétie auto-réalisatrice (faisons tout pour que ce soit pire comme ça on pourra dire qu’on avait raison )
La FSU doit s’engager sans réticences contre la rhétorique martiale, islamophobe, traduite en législations qui menacent les libertés fondamentales, ostracisent des communautés entières et flirte avec l’extrême droite. Elle doit exiger l’abrogation de la loi « confortant le respect des principes de la République et de lutte contre le séparatisme », loi qui ne peut que brouiller et affaiblir la laïcité. La FSU doit participer aux initiatives unitaires dans ce sens. Elle doit être au côté de toutes celles et de tout ceux qui résistent aux vents mauvais. C’est cela aussi le syndicalisme que nous portons et dont nous sommes fièr·es.