Les élections professionnelles représentent un rendez-vous extrêmement
important pour les organisations syndicales. Il ne faut pas minimiser
les enjeux primordiaux de ce scrutin, pour l’avenir de notre
fédération et, plus largement, pour le paysage syndical.
Les élections du 6 décembre vont établir la représentativité
officielle des différentes organisations syndicales (OS), et
attribuer, en conséquence, des moyens qui leur permettront de
poursuivre leur action. Ce n’est pas rien… Assurer la participation
aux élections est le plus sûr moyen de garantir de bons résultats à la
fédération: la FSU possède une certaine notoriété parmi les agent-es
de la Fonction publique, elle est dotée également de militant-es
nombreux-ses sur le terrain, ce sont là des atouts pour que le vote
FSU s’impose.
Ces élections ont lieu sur fond de destruction organisée de notre
modèle social, de violentes attaques contre le salariat et la Fonction
publique, de régressions en cascade pour imposer un modèle libéral
anti social. Il est absolument essentiel de faire la démonstration de
l’attachement des personnels à l’outil syndical dans un contexte de
désenchantement généralisé. En ce sens, le taux de participation sera
particulièrement observé. Comme le sera aussi le score des OS de
transformation sociale, qui portent un projet solidaire alternatif,
par rapport à celles qui se contentent d’accompagner le libéralisme,
en indiquant vers où vont les souhaits des personnels: la contestation
des projets gouvernementaux ou le compromis bienveillant…
La FSU a essuyé un sérieux revers lors du dernier scrutin
en 2014. Elle a reculé dans l’Éducation, se fragilisant sur le terrain
jusque-là le plus solide pour elle, et n’a pu récupérer la première
place dans la Fonction publique d’État (FPE), tenue par FO. Par
ailleurs, elle n’a pas réussi à être représentative dans la
Territoriale (FPT). Ce bilan négatif a été source de doutes sur
l’orientation syndicale, doutes qui ont ainsi « travaillé » toutes les
composantes de la fédération et continuent depeser. Le dernier congrès
a fixé des objectifs: progresser dans l’éducation, reconquérir la
première place dans la FPE, gagner une représentativité dans la FPT.
La réalisation de tels objectifs conditionne le devenir de la
fédération, son périmètre mais aussi son orientation. Si la FSU sort
affaiblie, une partie de sa majorité risque d’avoir, plus
qu’aujourd’hui encore, la « tentation » du repli et de
l’autonomie. L’élargissement vers la FPT, acté au congrès de Perpignan
de 2004, peine à se concrétiser: quel sera l’avenir de sa branche
territoriale si elle ne gagne pas le siège convoité pour sa
représentativité ? Par ailleurs, au niveau interprofessionnel, la FSU
se montre depuis un an extrêmement frileuse au point d’avoir perdu du
terrain – et de la légitimité – dans l’intersyndicale dans laquelle
elle avait du poids en 2010 et encore en 2016. Elle n’a pas non plus
fait beaucoup de cas de certains syndicats nationaux (SN) hors
éducation, qui ont le sentiment d’être la dernière roue du carrosse,
voire de ne pas être dedans!
Un projet syndical à réaffirmer
Contribuer à l’assise de la représentativité de la fédération répond à
la volonté de l’ÉÉ de militer, au sein d’un syndicalisme majoritaire
et unitaire, pour y construire les mandats et peser sur
l’orientation. Un affaiblissement de la fédération ne se traduirait
pas par une montée en puissance du syndicalisme de lutte…
Une FSU affaiblie risquerait, encore plus qu’aujourd’hui, de se
centrer sur des considérations strictement professionnelles et des
revendications corporatistes. Ces préoccupations sont importantes mais
le syndicalisme a aussi d’autres responsabilités, en particulier celle
d’agir sur le monde et de transformer la société.
Pour l’ÉÉ, ce projet fondateur de la FSU est plus que jamais
essentiel : les combats que nous menons au quotidien auprès des
migrant-es, en faveur des populations les plus fragiles, pour les
enjeux environnementaux, contre les discriminations, pour la justice
sociale, sont des combats qui relèvent aussi de la responsabilité
syndicale. Il nous faut avancer de concert, avec la CGT et Solidaires,
et conforter ensemble le syndicalisme de transformation sociale.
Renforcer la FSU nous permettra de mieux « travailler » avec nos
partenaires. La fédération a toute légitimité à être au sein de
l’intersyndicale et à construire les mobilisations
interprofessionnelles. Face à une politique libérale cohérente, qui
s’attaque de façon identique aux droits des salarié-es du public et du
privé, personne ne gagnera seul: même si la mobilisation se construit
secteur par secteur, la victoire passe par la lutte collective et
généralisée. L’ÉÉ agit, au jour le jour, au sein de la fédération pour
y porter son orientation : si la FSU sort renforcée à l’issue des
élections, ce sera un atout pour poursuivre avec la volonté d’engager
résolument l’outil fédéral au service de la transformation sociale.
Véronique Ponvert – Denis Thomas