Véronique Ponvert : situation générale.

Cela fait maintenant 4 mois que les GJ ont imposé la question sociale sur le devant de la scène médiatique et politique : depuis des semaines, l’idée de justice sociale fait son chemin, et avec elle, la nécessité de construire l’opposition à ce gouvernement. Si je dis cela, c’est pour insister sur le fait qu’au lendemain du 19 mars, nous ne partons pas de rien. Construire l’opposition à ce gouvernement s’impose dans toutes les têtes.


Aujourd’hui, nous abordons une nouvelle séquence sociale, il se passe quelque chose, il nous faut prendre la mesure de la dynamique qui s’est enclenchée.

Quelques exemples récents : d’abord, les mobilisations du 8 mars ont été importantes cette année, des manifestations ont eu lieu dans de très nombreux endroits. Ensuite, les marches pour le climat, celle de la jeunesse le 15 et la marche du siècle le lendemain ! 350 000 personnes ont défilé ce jour-là : et ce qui est remarquable, c’est que dans de nombreux endroits, cette marche a rassemblé des manifestants pour le climat et des GJ. Cette convergence a été le fait d’un travail de construction parfois, ailleurs elle s’est imposée, de façon quasi naturelle, parce que (comme nous le disons depuis longtemps), nos revendications sont pour beaucoup identiques… Enfin, hier, l’appel interprofessionnel à la grève : on ne peut pas dire qu’il a été massivement suivi, plutôt qu’il l’a été de façon assez disparate selon les secteurs et les champs professionnels. La FP a bien mobilisé, elle était très présente dans les cortèges.

Et surtout, le fait marquant de ce 19 mars, c’est l’engagement des personnels de l’éducation dans les manifestations et dans la grève : ils-elles étaient très nombreux-ses (des taux de grévistes très hauts, des écoles fermées). Comme quoi, si nous avions signé l’appel initial à la grève ce jour-là, la FSU aurait gagné en visibilité ! Les personnels de l’éduc ont tenu des AG, ils-elles ont débattu des suites et décidé la mise en place de diverses actions : des nuits des établissements, des réunions publiques, des diffusions de tracts, des actions de résistance, et aussi d’une nouvelle journée de grève, voire d’un début de grève reconductible.

Pourquoi une telle réaction ? Parce que les personnels de l’éduc ont compris ce qui se jouait pour eux-elles. Je ne reviens pas sur la gravité des attaques, tout le monde ici est au courant ; je veux juste insister sur une chose : les personnels de l’éduc ont lu la loi Blanquer à la lueur de la réforme FP, et c’est le croisement de ces deux lois qui fait sens. C’est une leçon de choses : la réforme de la FP fournit tous les outils pour déposséder le fonctionnaire de ses droits et défaire son statut ; la loi Blanquer traduit cela en mettant les personnels sous contrôle, dans l’objectif d’empêcher toute résistance et d’imposer une école ségrégative. C’est tout un modèle social qui vole en éclat.

Les personnels de l’éduc sont bien déterminés à poursuivre pour obtenir le retrait de la loi Blanquer. Aujourd’hui, c’est donc l’éducation qui est le secteur le plus mobilisé, c’est sur lui qu’il faut prendre appui pour construire le rapport de forces. La FSU, première fédération de l’éducation, a la responsabilité de proposer des perspectives très rapides : une journée de grève éducation est indispensable dans des délais courts, la FSU doit être à l’initiative d’un appel unitaire (autant que possible) à la grève la semaine prochaine.

Prendre appui sur le secteur mobilisé pour construire un rapport de forces est nécessaire. Tout comme il est nécessaire de ne plus morceler mais de rassembler, de faire converger dès que c’est possible : face à ce gouvernement, avons-nous le choix ? Nos collègues, les fonctionnaires ont bien compris qu’à travers les attaques contre la FP, c’est le cœur, l’existence même du syndicalisme qui est attaqué. Nous devons monter d’un cran et appeler à la mobilisation, à la grève, et nous préparer à l’affrontement avec ce gouvernement.

La séquence qui s’ouvre doit être celle de la combativité, cela passe par la détermination, et l’effet d’entraînement : d’abord, une journée de grève éducation, une manifestation à caractère national, une manif unitaire le premier mai, une grève FP, et des actions interpro, d’autres avec les GJ, des appels unitaires citoyens, … Et surtout, sans morceler : dans l’éduc, dans la FP, c’est avec les parents et les usagers qu’il faut avancer : il faut faire des ponts, faire converger nos revendications, rechercher la convergence de nos actions pour réussir à construire un front d’opposition à Macron. C’est le seul moyen de faire échec à ce gouvernement.