Avant d’aborder les questions de stratégie syndicale, je veux insister sur deux choses : la première, c’est la nature de ce gouvernement : je pense que nous sommes tous et toutes d’accord ici pour condamner les politiques menées par Macron ; je pense que nous avons conscience du niveau de brutalité des mesures au plan économique et social, nous savons que nous devons faire face à une politique de guerre à l’encontre des salariés, de destruction des droits et des libertés. La nouveauté, et elle est de taille, c’est la violence des coups, et leur rapidité : il faut reconnaître que nous sommes sonnés. Et la seconde chose sur laquelle je veux insister est justement celle-ci : la difficulté dans laquelle nous sommes et qu’il ne faut pas minimiser… Nous, c’est-à-dire le syndicalisme de transformation sociale : d’un côté, nous sommes confrontés à un gouvernement qui a pour objectif de détruire en profondeur notre modèle social, ce qui justifierait une mobilisation massive pour empêcher cette régression annoncée. De l’autre, nous héritons d’une situation très compliquée sur le plan des mobilisations justement, une situation faite de défaites successives (ce qui pèse, il faut le reconnaître), et d’une division syndicale qui ne permet pas d’élaborer un plan d’actions pour faire face aux attaques, et n’aide pas non plus à mobiliser les salariés.
Alors, devant une telle situation, je suppose qu’on est tous et toutes dans l’interrogation, il n’est pas question pour moi d’avancer des certitudes mais plutôt de faire le point, de faire le tri dans les chemins empruntés par le syndicalisme depuis la rentrée :
D’abord, la mobilisation contre la loi travail : oui, elle a été utile parce qu’elle a permis de mettre la question des droits des salariés sur le devant de la scène, elle a révélé à l’opinion la nature de la politique libérale à l’oeuvre. Et non, elle n’a pas été satisfaisante dans sa forme et ses modalités d’action : les appels depuis le 12 septembre n’ont pas été élaborés collectivement par l’intersyndicale, on a vu se succéder des journées d’action perlées qui n’ont pas réussi à entraîner les salarié-es, qui n’ont pas pesé sur les choix politiques et n’ont pas permis de gagner.
Pour l’EE, la FSU doit retrouver toute sa place dans l’intersyndicale interpro et s’engager avec nos partenaires de transformation sociale pour un véritable plan d’actions.
Au sujet de nos partenaires CGT et Solidaires, il faut qu’on se montre volontariste : ils ne sont pas exempts de critiques et nous ne partageons pas l’entièreté de leur stratégie syndicale, c’est un fait : mais nous partageons leur orientation, et c’est ça l’essentiel ! Je le dis simplement, si nous voulons que la parole de la fédération compte, y compris pour définir la stratégie à adopter, nous ne pouvons pas rester un pied dedans et un pied dehors comme nous l’avons fait parfois, nous devons nous engager et ne pas laisser passer des appels FP signés par nos partenaires sans la FSU, par exemple. Et puis la bataille n’est pas finie, le gros sujet des retraites notamment va s’inviter dans le paysage, et l’intersyndicale a besoin de retrouver une force de frappe pour constituer un front de refus des projets gouvernementaux. L’enjeu est donc devant nous.
Après, en dehors de l’interpro, les attaques sont nombreuses aussi, et la FSU a eu raison d’impulser la mobilisation dans la FP le 10 octobre et de tout faire pour en garantir l’unité, et il faut poursuivre ; sur des dossiers plus ciblés, sur les questions éducation notamment : l’accès à l’université, le bac, l’apprentissage, tous sans exception constituent des régressions, tous sont pensés en cohérence pour dessiner une école qui renonce à la démocratisation et à l’égalité : c’est donc un enjeu de société et un projet fondamental pour l’avenir de la jeunesse.
Nous pensons qu’il faut être de tous ces combats, qu’ils participent tous à la construction d’une force de protestation de la politique de Macron : cette force de protestation, il faut la construire et y agréger toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaissent ; mais dans l’immédiat, pour alimenter ce front de refus, et pour mener les combats à venir, la FSU peut contribuer par sa participation active, son engagement, à consolider le syndicalisme de transformation sociale. Pour l’EE, c’est dans ce sens qu’il faut aller.