- Intervention de Céline Sierra – Conseil national de la FSU-SNUIPP mai 2023
Une école qui change à vue d’œil… c’est une des promesses inquiétantes de Macron pour l’éducation. Si nous menons fort la mobilisation contre la réforme des retraites mais peinons à mobiliser contre sa politique éducative, les libéraux du gouvernement, de la droite et l’extrême droite poursuivent leur projet d’école ségréguée, le vote au sénat de la loi Brisson prouvant la connivence de la droite libérale avec le gouvernement. La réforme de la voie professionnelle, aboutissement du tri des élèves engagé dès la maternelle, ne vise que l’employabilité et l’assujettissement des classes populaires aux logiques capitalistes porté par l’ensemble de la droite.
Alors que le gouvernement applique à l’éducation les lois du taylorisme visant à corseter toujours plus les pratiques enseignantes, la souffrance et la charge de travail des personnels enseignants et des psyEN ne fait que s’accentuer.. Les pratiques managériales ont envahi tout l’espace professionnel : moyens pour l’école et indemnités au mérite distribués aux écoles et aux personnels par le CNR et le Pacte, Plan maternelle, Conseil Académiques des Savoirs Fondamentaux, élargissement des évaluations nationales au CM1 et à la 4ème, inclusion sans moyens dont l’échec est attribué aux personnels en plein démantèlement de l’enseignement spécialisé annoncé par Macron lors de la conférence nationale du handicap, formation étriquée, mutations à profil, externalisation des aides aux élèves. Les notes de service de janvier, le pilotage par les évaluations, la mise en œuvre de la réponse à l’intervention prônent l’individualisation de la prise en charge de la difficulté scolaire au détriment du collectif classe, outil essentiel aux apprentissages de toustes. Le Pacte, parce qu’il crée des heures hors la classe de prise en charge individualisée, est un piège qui se referme sur toute la profession. Les fondements de la professionnalité enseignante, appuyée sur les travaux de la recherche et des mouvements pédagogiques, sont attaqués et conduisent à la perte du sentiment du travail bien fait.
C’est en portant haut et fort la défense d’un service public de qualité et en valorisant notre projet, notre vision d’une école émancipatrice pour toutes et tous auprès des collègues, des médias et des familles que nous parviendrons à devenir de réel·les opposant·es aux droites libérales. Recréer les collectifs pour élaborer entre expert·es notre métier sur la base de la liberté pédagogique, inscrite dans la loi mais sans cesse bafouée, recréer le collectif pour redécouvrir l’ensemble de la recherche, les pratiques d’éducation populaires, pour résister ensemble et imposer un bloc de contestation.
La FSU-SNUIPP, première force d’opposition au Ministère, doit redonner confiance aux collègues en leur capacité à penser leur métier, leur pouvoir d’agir dans leur classe et leur redonner la volonté de se battre pour le reconquérir.
Nous ne sommes pas démuni·es, fortes et forts de notre livre blanc, il est temps de faire vivre nos mandats pour qu’ils soient portés par toustes :
– Celui des 18h devant élèves et de la déconnexion temps enseignant, temps élèves.
– Celui d’une formation initiale et continue ambitieuse et adossée aux recherches.
– Celui d’une profession conceptrice du métier consciente de sa valeur professionnelle.
La FSU-SNUIpp doit dès maintenant déployer largement la campagne de terrain sur cette question pour instaurer un rapport de force menant à une bataille sur les questions de nos métiers et de leur transformation.