- Edito de la revue 106
Parce que dans la période, les vents sont contraires pour notre camp social, notre syndicalisme de lutte, de masse et de transformation sociale est plus que jamais nécessaire
Tout ce que nous faisons pour agir, tout ce que nous construisons comme cadres unitaires, nous le pensons face aux coups de boutoirs du libéralisme et face à la menace de la prise de pouvoir par l’extrême droite, car plus que jamais, cette hypothèse est malheureusement possible.
Les sondages pour les élections européennes, les choix faits par de plus en plus de représentant·es de la droite et de l’appareil d’État de légitimer l’extrême droite, la bascule d’une partie toujours plus importante de la presse qui véhicule son discours et ses idées sont très inquiétants. La tribune de Le Pen dans les Échos est tout un symbole.
Cela nous oblige à poursuivre notre démonstration de l’imposture sociale de l’extrême droite afin de convaincre les millions de salarié·es que glisser un bulletin de vote pour elle dans les urnes, c’est voter contre son camp.
Pour autant, nous ne sommes pas dupes. La montée de l’extrême droite est le résultat direct de la politique de Macron et de ses prédécesseurs. Les tenants du libéralisme autoritaire lui offrent un boulevard et préfèrent jouer aux apprentis sorciers qu’entendre la colère légitime des peuples.
Le pire n’étant jamais certain, il nous faut voir et faire grandir les lueurs d’espoir qui existent.
La première, et non la moindre, c’est la constitutionnalisation de l’IVG. C’est le résultat d’années de luttes du mouvement féministe, résultat de la victoire idéologique de notre camp, et la défaite des courants les plus réactionnaires qui n’ont pu assumer leur propre position.
La deuxième, c’est la votation citoyenne en Suisse qui est un revers violent pour les libéraux et le patronat en accordant un 13e mois de pension.
Enfin, ce sont les mobilisations des enseignant·es et parents pour défendre l’école publique et s’opposer au « choc des savoirs » qui signerait la fin de toute ambition émancipatrice et accentuerait la ségrégation sociale à l’œuvre au détriment des enfants des familles populaires. La mobilisation particulière du 93, avec toutes les spécificités de ce département, est à la fois essentielle et porteuse de dynamique pour tout le monde. Après les grèves du 1er février et le 19 mars, le foisonnement multiple de mobilisations locales, l’implication des parents d’élèves, les initiatives collectives montrent une détermination face à l’offensive gouvernementale qui commence à vaciller sur sa mesure emblématique des groupes de niveaux au collège. Nous construisons sans relâche des grèves et mobilisations à reconduire pour gagner l’abandon du choc des savoirs et obtenir un collectif budgétaire.
Autour de cette mobilisation de l’éducation se joue la capacité d’empêcher le gouvernement de dérouler son projet pour l’école mais aussi plus largement le type de société envisagée pour l’avenir : libérale et ségrégative, ou démocratique et émancipatrice. ■
Laurent Cadreils