Quel est le statut du texte d’introduction aux différents thèmes du congrès ? Il est présenté comme une analyse du contexte qui permet de resituer nos débats sur les différents thèmes, et dans ce sens il donne peu de matière à débat effectivement. Sauf qu’en le parcourant, on peut constater qu’il va au-delà de l’exposé du contexte justement. Pourtant, passé une première partie descriptive et qui relève à juste titre la distorsion de plus en plus grande entre les aspirations des salariés et des jeunes face à la logique d’une économie libérale destructrice des acquis sociaux et des droits, le texte énonce de nombreuses revendications générales et des questions. Or beaucoup de ces revendications ne seront pas débattues dans les thèmes du congrès, comme par exemple celles traitant des questions d’emploi, de fiscalité, des services publics. Le problème vient du fait que certaines revendications ne vont pas de soi, où bien parce que tellement vagues qu’elles peuvent dire tout et son contraire, d’autres parce que posant réellement des difficultés quant à notre orientation générale. On peut énumérer plusieurs exemples comme la manière dont est traité la question de l’emploi avec un questionnement qui mériteraient d’être tranché ou au moins approfondi sur plusieurs points : la place du CDI et de la question de la précarité « disparition ou réglementation des contrats précaires avec taxation ? » : est-ce notre orientation que de poser la question de la taxation en lieu et place du combat pour en finir avec toutes les formes de précarité ? La place des stages dans la formation « des stages pour les jeunes avec ouverture des droits sociaux » : ne doit-on pas réfléchir à un positionnement beaucoup plus offensif en lien avec les revendications de la jeunesse et en exigeant une limitation des stages, une non reconductibilité, une rémunération décente, des stages qui ne doivent en aucun cas être substitutifs à des emplois, être en lien avec le contenu de formation et contrôlé dans tous ses aspects par l’Education Nationale ? L’absence totale d’analyse et de dénonciation des pseudo politiques de l’emploi menées par les gouvernements depuis plus de 20 ans dont chacun connaît la responsabilité dans la généralisation et la normalisation du recours au travail temporaire, au temps partiel et aux contrats précaires dans le public et le privé est gênante. D’autant que sont évoquées plus haut le développement des services publics et de leurs financements seulement sous l’angle restrictif d’une réforme de la fiscalité « dans le sens d’une plus grande justice sociale » Mais pourquoi alors ne pas évoquer aussi le rôle des cotisations salariales, premier facteur de réappropriation de la richesse produite par les salarié-es eux mêmes, mises à mal justement par les « politiques de l’emploi ».
On pourrait continuer ainsi sur de nombreux passages du texte qui ouvre sur des débats qui pour beaucoup n’auront donc pas lieu. Mais alors justement quel est le statut d’un texte qui pose autant de problèmes, induit par de nombreux aspects un choix d’orientation et qui pourtant n’est pas soumis au débat et au vote ? Quatre thèmes existaient lors du dernier congrès. On ne peut restreindre les débats à 3 thèmes sans forcément laisser des questions importantes pour notre orientation syndicale en suspend. C’est pourquoi, il nous semble indispensable, que cette introduction soit soumise au débat pluraliste, aux amendements et fasse l’objet d’un vote.
Valérie Dadi